Ceux qui, juste avant huit heures du matin, préfèrent écouter les réclames ou l'horoscope sur leur radio commerciale préférée, ignorent que Philippe Meyer fait, à cette heure-là sur France-Culture une chronique quotidienne. Aujourd'hui, il a taillé un superbe costume à Jean-François Copé.
Martin Hirsch a mis en cause le député-maire et président du groupe UMP à l'Assemblée dans son livre "Pour en finir avec les conflits d'intérêts". Jean-François Copé s'est fendu d'une réponse dans laquelle la mauvaise foi le disputait au "botter en touche". Un bel exemple de cette langue de bois que pourtant Copé avait promis solennellement de ne plus utiliser dans un livre qui lui a permis récemment d'apparaître à la télé et de causer dans le poste.
Je vous recommande donc d'aller sur le site de France-Culture pour écouter cette chronique et même pour la réécouter.
http://www.franceculture.com/emission-la-chronique-de-philippe-meyer-chronique-de-philippe-meyer-2010-10-01.html
Vous comprendez pourquoi Copé se fout de la gueule du monde et pourquoi très peu de ses amis politiques (et même de ses ennemis, on se demande bien pourquoi) consentent à s'en apercevoir.
En effet, outre les fonctions électives qu'il cumule sans problèmes et dont, bien sûr!, chacune le tient occupé vingt-quatre heures sur vingt-quatre (et défense de rire!), Copé a jugé bon pour occuper ses loisirs d'exercer une activité professionnelle. Il aurait pu reprendre ses fonctions de chef de bureau à la Caisse des Dépôts et Consignations ou faire à nouveau profiter les étudiants de Paris VIII de ses connaissances en économie, professions dans l'exercice desquelles le risque de conflit d'intérêts était minime sinon nul mais où on est astreint à des horaires et même obligé de fournir un certain travail.
Ce doit être pour ces raisons qu'il semble avoir écarté ces possibilités pour se lancer dans une nouvelle carrière: la défense de la veuve et de l'orphelin.
Pour ce faire, il a obtenu un diplôme d’avocat et prêté serment devant la cour d'appel de Paris en mai 2007 grâce à une validation des acquis de l'expérience de son parcours politique.
On est donc en droit de penser que c'est cette expérience politique (et sans doute aussi ses relations) qu'il entendait mettre à profit et qu'a voulu utiliser le plus important cabinet d'avocats d'affaires de France qui l'a accueilli comme associé et qui a été chargé par exemple de conseiller l'État dans le projet de fusion GDF-Suez. Notons que le Code électoral prévoit que Jean-François Copé, en tant que député, ne peut pas être amené à travailler sur des dossiers dans lesquels l'Etat est impliqué, c'est pourquoi il a déclaré vouloir s'occuper principalement de médiation (et ta soeur, elle s'occupe de médiation?).
On est donc aussi en droit de penser que ce ne sont pas les hasards de l'existence qui l'ont placé en position de conflit d'intérêts mais que cette situation est la conséquence d'un choix délibéré. Et que c'est lui même qui a accepté de prêter le flanc à la critique et fait naître les soupçons que Martin Hirsch estime plus que justifiés.
Mais comme l'a fait remarquer Philippe Meyer, la classe politique est bien silencieuse sinon pour attaquer Martin Hirsch. Quant à la presse, elle est plus avide de répercuter l'écume de la polémique que de regarder ce qu'il y a au fond de la marmite.
Est-ce dû au fait que cette appétence tardive pour la profession d'avocat "grâce à la validation de l'expérience politique" est commune à bien des politiciens (Ségolène Royal, Dominique de Villepin et Noël Mamère, pour ne citer qu'eux)?