Tristane Banon dit qu'elle a été agressée par DSK. Là encore, c'est sa parole contre celle de Le Vice-Strauss.
Elle porte plainte huit ans après. "Ce n'est pas trop tôt", disent les soutiens inconditionnels de DSK qui tentent de noyer le poisson.
Il faut dire que c'est tordu comme histoire. Ce n'est pas tant le délai entre les faits et la plainte qui font naître les interrogations, non. Ce sont les circonstances annexes et le rôle qu'a joué l'entourage de la jeune journaliste.
Car si la prescription pour ce genre de crime est de dix ans, c'est qu'il doit bien y avoir une raison. Il y a bien d'autres exemples d'affaires de ce type où les plaintes ont été déposées longtemps après.
Mais il est rare que la mère de la victime, convaincue pourtant de la réalité de l'agression, dissuade sa fille de porter plainte et cela non pas "pour sauvegarder sa réputation" mais pour des considérations politiques "dans l'intérêt supérieur du Parti", pourrait-on dire.
Elue socialiste, définie comme "proche de DSK", la mère a surtout pensé à protéger le PS. Elle reconnaît aujourd'hui qu'elle a eu tort.
Au lieu de conduire sa fille au commissariat le plus proche, elle en a parlé à François Hollande en sa qualité de premier secrétaire, lequel Hollande lui a téléphoné "personnellement" et a été, au dires de la mère de Tristane, "formidable, d'une gentillesse… , il a été superbe". Ce qui constitue une très forte présomption en faveur de la sincérité du discours de Tristane et de la crédibilité que lui accordait Hollande.
Il y a quelque temps encore, Hollande "n'avait aucun souvenir" de cette rencontre.
Hier, la mémoire lui étant revenue opportunément, il déclarait que ce n'était pas son rôle de conseiller ou non à une victime de porter plainte.
Et bien si, c'était son rôle.
Ce genre d'affaire ne se règle pas "en interne". Il y a la Justice pour ça.
En interne, on peut remonter les bretelles de DSK; on peut aussi l'exclure du parti; on peut attendre les résultats de l'enquête mais on n'étouffe pas une affaire sous prétexte qu'elle met en cause un ponte du Parti.
Si l'agresseur avait été un militant de base d'une lointaine province ou -mieux!- un encarté de l'UMP, Hollande aurait-il été autant "mesuré"?
Bonne question que je me remercie de m'avoir posée.
Espérons que l'avocat de Tristane Banon n'hésitera pas à mettre en cause François Hollande. Son témoignage risque d'être assez croquignolet. Il pourrait aussi s'amuser à lui demander si, à l'époque, il a parlé de l'affaire avec quelques autres solfériniens. Martine Aubry, par exemple.
Je remue la boue? Est-ce ma faute à moi s'il y a de la boue rue de Solferino?