Tchin-Chine

Omar el-Béchir est loin d'être un plaisantin. Ce dictateur soudanais est sous le coup d'un mandat d'arrêt international pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre à l'encontre des populations chrétiennes ou animistes du sud du pays qui ont en plus (avouez qu'elles cherchent les ennuis) le mauvais goût d'être noires.

Le gouvernement de Khartoum a essayé avec plus ou moins de succès de les islamiser. Hélas! Malgré tous les efforts d'Omar, elles sont restées résolument noires. Plus noires que lui, en tous cas; car il faut avouer qu'à nos yeux d'Européens, Omar aurait du mal à se faire passer pour un Norvégien "de souche".

Quoiqu'il en soit, au Darfour, certains ont pensé qu'ils se sentiraient plus en sécurité s'ils étaient moins soudanais et renonçaient à bénéficier de la sollicitude du dictateur de Khartoum. Devant tant d'ingratitude, Omar en a massacré trois cent mille en moins de dix ans, fait torturer beaucoup de survivants, violer de nombreuses survivantes, il a détruit des récoltes, brûlé des villages, envoyé sur les routes et dans des camps une quantité fort appréciable de réfugiés et -cerise sur le gâteau- fermé les yeux sur la poursuite d'une pratique ancestrale: l'esclavage des Noirs du sud par les Arabes du Nord (surtout des femmes et des enfants, nous disent les ONG).

C'est sans doute grâce à ces excellentes références qu'il a été accueilli en grande pompe par les dirigeants chinois qui ont donné à sa visite un lustre tout particulier et ce (vous allez rire) "en dépit des protestations internationales", nous dit LeMonde.fr.

En effet, le Soudan est une tête de pont chinoise en Afrique et l'ostracisme dont Omar est l'objet de la part de la communauté internationale le rend encore plus précieux à la Chine.

De la part des Chinois, cet accueil est ce que les diplomates appelleraient "un signal fort" et ce que vous et moi (et Emmanuelli) traduiraient par un doigt d'honneur à destination de la "communauté internationale" (comprenez l'Occident): "Lâchez-nous la grappe avec vos droits de l'Homme".

Mais aussi, et c'est là qu'il faut applaudir les Chinois, c'est aussi un signal fort du gouvernement de Pékin à ses minorités qui s'agitent et aux dissidents qui essaient de se faire entendre: "Ce que notre ami Omar a fait au Soudan, nous pouvons le faire en Chine. En mieux. A bon entendeur ..."

Bravo Monsieur Hu!

PS: Si vous avez le temps et si ça ne vous dérange pas de lire un texte publié sur le site officiel du Sénat et d'aller vomir après (pas à cause du Soudan, à cause du Sénat), c'est ICI.