"La nuit d'émeutes de Tottenham illustre l'ampleur de la crise policière", titre LeMonde.fr qui en rajoute une couche dans le corps de l'article. Il n'hésite pas à citer des quotidiens britanniques qui vont dans son sens: la police est responsable, la police est coupable.
Si, toujours d'après LeMonde, il y a des coupables, il y a aussi des victimes. La première est ce "jeune" de vingt-neuf ans, père de famille, abattu par la police. Un "jeune" plutôt paisible. "Pour ses proches, le récit des policiers ne cadre pas avec la personnalité de Mark Duggan, dont le casier judiciaire était vierge. "S'il avait une arme sur lui, et qu'il était suivi par la police, Mark n'était pas du genre à tirer, plutôt à s'enfuir". Et qui le connaît mieux que ses proches?
Les autres victimes sont les émeutiers, victimes de la "misère sociale, du chômage, de vexations racistes au quotidien", il est donc tout naturel qu'ils développent une "culture de violence et la haine de la police".
On le voit bien et -si on ne le voit pas, Le Monde nous le montre- c'est la faute de la police.
La police qui n'aurait pas dû tenter d'arrêter Mark Duggan.
La police qui, après sa mort, a refusé de recevoir sa famille qui "demandait des explications".
La police qui, pourtant prévenue par des "responsables locaux" que, si elle persistait dans son refus, les dits "responsables" ne pouvaient pas "garantir que la situation reste sous contrôle".
La police qui, au lieu de laisser faire les émeutiers a tenté de protéger les pompiers et d'empêcher les "jeunes" de se livrer au pillage.
Mais, si on utilise d'autres mots que ceux dont le politiquement correct impose l'usage, on se dit que 29 ans, c'est un peu vieux pour être un "jeune" même quand on est d'origine antillaise et qu'on habite un quartier difficile; que le fait d'être "père de famille" n'est pas une excuse (à propos, savez-vous que Jacques Mesrine avait eu trois enfants?).
Mais si aussi, on se donne la peine de chercher on apprend que Mark Duggan avait été placé sous surveillance depuis plusieurs jours, parce que la police craignait qu'il ne tente de venger la mort de son cousin, le rappeur Kevin Easton, poignardé dans une boîte de nuit de l'est de Londres en mars, qu'il était membre d'un gang lié aux Yardies, une mafia jamaïcaine spécialisée dans le trafic de cocaïne. On apprend aussi qu'il s'était aperçu de cette surveillance.
On se souvient qu'il a été abattu au cours d'un échange de tirs avec la police.
A partir de là, on bascule dans le surréalisme.
La famille d'un criminel qui exige d'être reçue par la police et qui veut des "explications".
Un "jeune" victime de la misère qui arbore ses bijoux (durement et honnêtement gagnés?) sur la photo ci-contre.
On s'aperçoit qu'il existe des "responsables locaux", disons plutôt les chefs de la "communauté" qui organisent une manifestation "pacifique", qui dialoguent d'égal à égal avec les représentants de l'autorité et même qui menacent de laisser dégénérer la manifestation qu'ils ont organisée. Et à qui on ne dit rien.
Et on s'aperçoit que les gens qui s'étaient rendus à cette manifestation pacifique avaient "pacifiquement" emporté quelques cocktails Molotov.
Et on apprend que les troubles font tache d'huile dans le Royaume-Uni comme si les "jeunes" des "communautés" refusaient que la loi britannique s'applique à eux et désiraient le faire savoir.
Dans les commentaires que les lecteurs du Monde.fr postent sur ce site, on peut lire, parmi d'autres, certaines explications de ce genre c'est la faute à la finance internationale et à la City de Londres.
Vous voulez que je vous dise? L'angélisme a ses limites.
Bien fait pour la Grande-Bretagne rappelée brutalement à la réalité.
Bien fait (je prends les devants) pour la France, car la même chose lui pend au nez.
Et, puisque j'ai cité Jacques Mesrine qui fut, lui aussi, "père de famille", je me permets de rappeler que lorsqu'il fut abattu par la police dans des circonstances comparables, les "responsables de sa communauté" n'ont pas organisé de manifestation pacifique, n'ont pas menacé de laisser cette manifestation dégénérer si la famille n'était pas reçue immédiatement par la police et que des émeutes et des pillages ne s'en sont pas suivis.
La "communauté" de Mesrine était bien gentille à l'époque.
Elle l'est toujours.
D'ici à ce qu'on entende un membre de la famille Le Pen parler une nouvelle fois de "naïveté", il n'y a pas loin.