Dix jeunes élus franciliens "issus de la diversité", de retour d'un voyage aux USA, font leur promo sur le thème des statistiques ethniques.
La radio (je les ai entendus sur France-Culture) et la presse (LeMonde.fr) se font l'écho de leur proposition.
Tout cela part de ce qui ressemble à des bons sentiments.
Notons cependant que leur "diversité" est, si on en juge par la photo de groupe et le nom des porte-parole, essentiellement maghrébine. Une diversité proche de l'uniformité, en quelque sorte. Une scission se profile-t-elle à leur horizon? La sécession de noirs ou d'asiatiques s'estimant sous-représentés fondant leur propre courant "Pour la diversité dans la diversité"?
Je remarque aussi qu'on n'est plus "issu de l'émigration" (en première, deuxième ou énième génération) mais de la diversité. Il ne reste plus qu'à adapter cette notion à ceux qui abordent à Lampedusa ou se noient au large de ses côtes. Ça ne va pas être simple!
Quant aux statistiques que l'on dit "ethniques" elles sont en fait "raciales" (guillemets de rigueur), fondées sur le regard des "Français de souche" et surtout extrêmement simplificatrices (noirs, arabes, jaunes).
Elles retiennent principalement les critères du nom et de l'apparence physique. Aux USA, ce serait Afro-Américains, asiatiques, hispaniques.
On fait fi de la notion d'ethnie qui est pourtant objet d'études pour les ethnologues. Par exemple, Berbères et Arabes entrent dans la même "sous-diversité". Sans parler des nombreuses ethnies d'Afrique noire (pardon! d'Afrique sub-saharienne) qui, si elles sont toutes africaines, sont assez différentes pour engendrer des guerres sanglantes (Tutsis et Hutus, ça ne vous rappelle rien?).
On ne règle pas le problème de la mixité inter-ethnique (arabo-normand? afro-provençal? sino-africain?).
En fait, cette "diversité", semble dans l'esprit de ceux qui veulent en faire un objet statistique, relativement homogène et se définit comme rassemblant "ceux qui n'ont ni un air ni un nom européen".
Mais tranquillisons-nous: tout cela n'est pas très sérieux. Ces "jeunes élus" appartiennent quasiment tous à la majorité présidentielle. Leur opération ressemble à une maladroite tentative de racolage d'électeurs que l'on soupçonne de voter à gauche.
Même si dans leur enthousiasme leurs mots dépassent leur pensée (du moins je l'espère très sincèrement) au point de risquer de faire fuir vers l'extrême-droite ces électeurs qu'ils veulent arracher à la gauche: "Il faut bien comprendre qu'un jour les minorités deviendront la majorité.", affirme une certaine Leïla Leghmara, conseillère municipale Nouveau Centre à Colombes.