Devant les hurlements des Chypriotes qu'on dévalise, les protestations scandalisées des autres Européens qui se disent que ça risque d'être bientôt leur tour et l'inquiétude subséquente des marchés qui veulent bien faire dans l'escroquerie mais pas dans le braquage de banque d'une manière aussi évidente (la première fait partie du boulot alors que le second revient à tuer la poule aux œufs d'or), on cherche une solution pour ponctionner les milliards exigés par l'Union Européenne.
Car l'UE est bonne fille. "Démerdez-vous comme vous voulez mais je veux que vous trouviez 5,8 milliards d'euros sinon mon plan de sauvetage de dix milliards sera remplacé par un coup de sifflet bref et une minute de silence", dit-elle.
C'est ce que dit en termes plus choisis Jörg Asmussen, l’un des membres du directoire de la Banque centrale européenne: "l’important, c’est que la contribution financière de 5,8 milliards d’euros subsiste."
Le ministre des Finances allemand met son grain de sel en indiquant que si Chypre trouve un autre moyen pour cracher au bassinet, il sera d'accord. "Si l’on parvenait à une autre solution, cela ne nous poserait pas le moindre problème", a-t-il déclaré.
Même la France (Tiens? Elle aussi!) fait dire qu'elle serait "ouverte à une modification du taux de taxation des dépôts".
Mais les dépôts de qui? Des ménages chypriotes? De la mafia russe?
Des deux nous dit-on.
Si la réalité ressemblait à la fiction, c'est à dire aux films américains où l'on voit des petits génies de l'informatique transférer d'un simple clic sur le clavier de leur ordinateur des millions de dollars de Singapour à Jersey et des Îles Caïmans au Lichtenstein, on pourrait soupçonner que le délai accordé à Chypre va permettre aux capitaux des oligarques de fuir dès aujourd'hui ce qui demain ne sera plus un paradis fiscal.
La caractéristique de ces opérations (dans les films, bien sûr!) c'est qu'elles sont d'une totale opacité. Et dans la réalité, on ignore même si elles existent.
Les Chypriotes auront un indice: le taux qui sera appliqué à leur bas de laine et le plafond en dessous duquel ils seront exonérés. Seront-ils les seuls à payer les 5,8 milliards?
Mais dans sa grande bonté, le roi qui décide de leur appliquer cette taxe exceptionnelle va les dédommager en assignats, je veux dire en leur donnant "en compensation des actions des banques privées dont les rendements futurs seraient garantis par les revenus des gisements de gaz récemment découverts dans les eaux chypriotes".
Des actions de banques privées avec des rendements "futurs" qui "seraient" garantis! Vous y croyez, vous?
Au lieu de confier leur pognon aux banques, les petits épargnants auraient mieux fait de choisir des placements plus sûrs: des actions de la MCHZ (Mines de Caoutchouc du Haut-Zambèze) ou de la PSPP (Plantations de Spaghetti de la Plaine du Pô) par exemple.
(source)