Encore une fois, en France, un problème fondamental dans lequel partisans et adversaires se réfèrent à des principes philosophiques, moraux, politiques et religieux, est mal posé.
J'écris "encore une fois" car il y a des précédents. Le débat sur le droit à l'avortement en est un exemple. Jusqu'à sa légalisation, la loi interdisait et donc punissait comme un crime l'interruption volontaire de grossesse. Il est intéressant de remarquer que les arguments des partisans et des adversaires de l'avortement ont beaucoup de points communs avec ceux de ceux qui débattent actuellement sur l'euthanasie: respect de la vie ("tu ne tueras point"), solutions de rechange (adoption dans le cas de l'avortement, promesse de soins palliatifs dans celui de l'euthanasie), refus de certains médecins au nom de leur déontologie (protéger la vie et non donner la mort) ou interdits religieux.
Parler d'euthanasie ou de suicide assisté n'éveille pas les mêmes réactions selon qu'on emploie l'un ou l'autre mot.
Au mot "euthanasie", on associe une volonté extérieure à l'individu d'interrompre les souffrances d'une autre personne en interrompant en même temps sa vie éventuellement sans son accord (dans le cas où le spectacle de ses souffrances devient insupportable à son entourage par exemple). On utilise, hélas! le même mot lorsqu'on veut supprimer un animal dangereux.
Avec l'expression "suicide assisté", on évoque la prise en compte du désir d'un individu qui demande que l'on l'aide à mourir lorsque il est incapable de mettre fin à ses jours par ses propres moyens.
Or en France, le suicide n'est pas un crime (comme ce fut le cas au Royaume-Uni jusqu'à une époque récente). Et personne n'a de permission à demander pour se suicider. Le problème qui se pose dans le débat actuel est l'intervention d'un tiers, intervention qui est actuellement réprimée pénalement et que le tiers (appartenant au personnel soignant) peut refuser au nom de la loi ou de ses principes ou effectuer à ses risques et périls..
La loi qui voulait légaliser "l'assistance médicalisée permettant, par un acte délibéré, une mort rapide et sans douleur" vient d'être retoquée par le Sénat.
Ceux qui voulaient la faire adopter invoquent la liberté et la dignité et se placent sur le terrain des principes.
Leurs adversaires proposent de développer les soins palliatifs (tiens, y aurait-il comme un manque?) et se placent sur le terrain des moyens matériels,
Conclusion: si, un jour, on vous diagnostique une maladie mortelle qui vous expose avec certitude à une agonie longue et douloureuse en attendant une hypothétique admission dans une unité de soins palliatifs (inscrivez-vous sur une liste d'attente tant que vous êtes en bonne santé), tant que vous en avez encore la force, foutez-vous par la fenêtre de votre cinquième étage (ou pendez-vous dans la grange si vous habitez la campagne)!