On re-re-re-sauve la Grèce. Et par la même occasion on accorde un répit à l'euro.
Car ce n'est pas parce que la politique économique libérale mondialisée a fait la preuve de son inefficacité qu'il ne faut pas s'obstiner.
Ça finira bien par marcher.
Il faut dire que, pour s'enfoncer dans la crise, la Grèce y a mis du sien: multiplication des fonctionnaires pour acheter la paix sociale, fraude fiscale institutionnalisés, économie parallèle, corruption et, bien sûr, emprunts "à tout va" pour combler les trous qui se creusaient.
Résultat: la dette grecque est en passe d'atteindre la célébrité des emprunts russes.
Alors le FMI (merci Strauss-Kahn!), la BCE (merci Trichet!) et l'Union Européenne (merci qui?) vont encore prêter soixante milliards d'euros avec une participation des banques privées "sur une base volontaire".
Mais ce n'est pas encore fait. Un spécialiste de la chose se tapote le menton: "On voit mal quel genre d'incitation pourrait persuader les investisseurs d'acheter de la dette grecque à long terme".
Qu'il se rassure: on va les lui trouver, ces "incitations".
Devinez d'où va sortir le pognon.
Tout ça pour permettre à la Grèce de rembourser les emprunts des sauvetages précédents.
Mais maintenant on ne rigole plus: il va falloir être sérieux.
Les généreux prêteurs exigent en contrepartie une "accélération des réformes budgétaires et structurelles".
Il faut dire que l'accélération va être d'autant plus facile qu'à part la vente de quelques bijoux de famille aux Chinois, rien n'avait encore démarré.
On va donc serrer encore plus la ceinture du petit peuple et commencer enfin à privatiser ce qui pourrait devenir rentable avec un "management moderne".
Tout ça malgré la tendance des Grecs à descendre dans la rue à la moindre provocation.
"Un nouveau prêt signifie plus de rigueur" déclare le président du syndicat du privé (GSEE ). "On vend le patrimoine du pays et on saigne le peuple, c'est un crime. Et ceci n'est que le début. Les conséquences seront terribles".
Bon début: le gouvernement grec vient de demander d'urgence à Deutsche Telekom qui détient déjà 30% d'OTE (l'opérateur grec de téléphonie), d'activer l'option que DT possédait sur 10% de plus et envisage de lui céder prochainement les 6% qu'il détiendra encore.
Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour "sauver l'euro"?
Comment dit-on en grec "épidémie de suicides à OTE"?