Pour tenter de réduire les pics de pollution, le gouvernement ressort la vieille astuce de la circulation alternée. Si votre numero d'immatriculation se termine par un chiffre pair, vous prenez votre voiture. Sinon, vous attendez le lendemain.
Inutile de dire que cette idée est idiote.
Ceux qui seront obligés de se déplacer devront prendre des transports en commun déjà saturés; il y aura des resquilleurs; il y aura ceux qui prendront leur deuxième voiture et il y aura les prioritaires. Vous imaginez la pagaille?
Sans parler de ceux qui viendront en ville un jour sans avoir le droit de la quitter le lendemain; ceux qui travaillent de nuit par exemple ou qui ont des horaires décalés. Dernier problème, grave en notre époque d'égalitarisme forcené: les propriétaires d'automobiles dont le numéro d'immatriculation est impair seraient privilégiés. Vous pouvez vérifier: il y a dans une année plus de quantièmes impairs que de quantièmes pairs.
Non, si on veut alterner, il y a d'autres solutions.
La plus logique serait de s'attaquer au vrai problème et de s'occuper des premiers concernés: les victimes de la pollution, ceux qui doivent respirer un air chargé de gaz carbonique, d'ozone, de micro-particules et de bien d'autres saletés et qui, rien qu'à Paris, sont de gros consommateurs d'air, un air qui manque à leurs concitoyens.
C'est pourquoi je propose une respiration alternée. Solution simple, élégante et j'ajouterais rigolote.
Imaginez un peu.
Dans les rues des grandes villes, on respirerait du côté des numéros pairs et on expirerait du côté des numéros impairs (en faisant bien attention en traversant). Il y aurait bien sûr des exceptions. Par exemple dans les rues très en pente qui demandent à celui qui les arpente une plus grande consommation d'air, on respirerait en montant et on expirerait à la descente.
C'est le principe. On peut penser à quelques aménagements avec des dérogations pour ceux qui ne quittent pas leur domicile, leur boutique ou leur bureau et qui, habitant ou travaillant du côté des numéros pairs, pourraient quand même y expirer. La tolérance inverse serait bien sûr accordée à ceux qui habitent du côté impair de la rue. Sans que ce soit une obligation. Ceux qui voudraient faire preuve de civisme pourraient appliquer la règle commune.
Voilà. Ne me remerciez pas, c'est de bon coeur.