Les nouvelles qu'on nous donne, ce qu'on peut en faire et en penser sans laisser passer une occasion de ricaner. Et la vie quotidienne, ses hauts et ses bas. Pas vraiment politiquement correct et rarement consensuel.
L'article de Rocard dont j'ai recommandé la lecture hier dans mon billet Mieux vaut tard", fait un constat pessimiste de l'avenir tel que l'évolution de notre présent permet de l'imaginer. D'ailleurs son titre est explicite "Le genre humain menacé".
Le reste de l'article l'est moins.
Moins "explicite", pas moins "menacé". Suivez un peu, que diable!
Rocard, c'est un type qui a sans doute les idées claires mais qui n'arrive pas toujours à les exprimer simplement. Pas le genre à qui on peut confier la mission d'appeler les pompiers en cas d'incendie. Le temps qu'il ait trouvé ses mots, construit sa phrase et bredouillé son appel, le temps qu'au bout du fil, le pompier ait retrouvé son dictionnaire et compris de quoi il s'agit, le quartier tout entier est réduit en cendres.
C'est un peu le cas de cet article.
Crise pétrolière, crise alimentaire, crise écologique etc s'ajoutent, se conjuguent et même s'aggravent l'une l'autre pour constituer une crise mondiale dont on ne voit pas d'issue. C'est un fait que souligne Rocard.
Les solutions que propose "les tenants du progrès" ne sont que des palliatifs dont les conséquences prévisibles ou constatées se révèlent pire que leurs causes.
Forages pétroliers en haute mer qui ravagent le Golfe du Mexique (entre autres), électricité nucléaire (à quand les prochains Tchernobyl et Fukushima?), exploitation de gaz de schistes (on voit ce que ça donne aux USA et au Canada), déforestation pour planter des palmiers à huile ou du soja et fabriquer des agro-carburants (pas "bio" du tout quoi qu'en disent les industriels), le tout sur fond de bouleversement climatique donnent une image sombre du présent et de la capacité des gouvernants de se projeter dans l'avenir, tout au moins au-delà des prochaines échéances électorales.
Le développement de la Chine et de l'Inde avec une croissance qui avoisine ou dépasse les 10% par an, pour ne parler que de ces deux pays, va très bientôt buter sur le mur de la raréfaction ou de la disparition des ressources naturelles nécessaires: il est impossible, pour ces raisons que les Chinois ou les Indiens atteignent un jour le niveau de vie moyen des pays d'Europe de l'ouest ou a fortiori des Etats-Unis.
Les ressources de la planète sont finies
Et il est illusoire de croire que les pays riches vont accepter de voir se réduire leur bien-être au fur et à mesure que croîtra celui des pays pauvres.
La cause première n'est pas le progrès technique, l'économie libérale, la finance internationale ou quelque autre épouvantail mais la surpopulation de notre planète et le partage des richesses disponibles, ce que Rocard ne veut pas désigner. Car si on ne partage pas les ressources, il faudra se les disputer avec les conséquences extrêmes que redoute Michel Rocard.
Si l'on ne veut pas que la catastrophe qu'il prévoit se réalise, c'est au niveau mondial qu'il faudra traiter pacifiquement ce problème. L'ONU, la FAO, l'OMS, le GIEC et tous les organismes internationaux devront relever ce défi avec la collaboration des états.
Ce qui est loin d'être envisageable à ce jour. Juste un exemple: aucune trace de cette préoccupation dans le programme du PS publié hier. Vous pensez que les emplois jeunes, la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG ou la limitation du salaire des dirigeants vont faire reculer ce que Rocard appelle la menace sur le genre humain?