La crise financière est en passe de se résoudre. C'est du moins ce dont on essaie de nous convaincre. Mais l'argent perdu l'est bel et bien. L'argent "injecté" ("transfusé dans un organisme exsangue" serait plus juste) est virtuel et le sera encore tant qu'il ne se sera pas transformé en prêts, crédits et investissements destinés à être convertis en biens réels. Les banques se relancent donc sur le marché avec des réclames optimistes et rassurantes en direction des particuliers comme des entreprises. "Venez nous emprunter de l'argent! Nous avons reconstitué nos stocks" semble être le refrain qu'on entend plusieurs fois par jour. Mais ce n'est que lorsque les prêts commenceront à être remboursés qu'on reviendra vers la réalité. Et personne n'est capable actuellement de dire ce qu'elle sera.
Si on y revient. C'est la finance qui a fait exploser le système économique en multipliant les crédits et la commercialisation de "produits financiers" innovants qui ont acquis de la valeur sans en créer. Et dans cette première étape, c'est le système financier qu'on a ressuscité. Mais les produits "toxiques" sont toujours là quelque part. Et la tentation sera grande pour les traders et ceux qui les emploient d'utiliser une partie de ces nouveaux milliards pour pour "se refaire".
Le mythe de la croissance infinie est mité. Les entreprises qui tablaient dessus commencent à déchanter. Les marchés émergents qui devaient nous fournir la prospérité émergent peut-être encore un peu mais pour leur compte. Les pays occidentaux à de rares exceptions près (aéronautique, nucléaire, armement) ont fondé leur économie sur les services par nature immatériels.
La crise immobilière aux USA est très loin d'appartenir au passé. La crise économique n'en est qu'à ses débuts. Certes le pétrole baisse, mais par rapport à l'euro le dollar monte. Et comme on paye le pétrole en dollars ...
Des entreprises industrielles telles que les géants de l'automobile voient se gonfler leurs stocks (et pas seulement ceux des 4x4). Le chômage va croître en même temps que va baisser la consommation. Les géants de la distribution perdent déjà du chiffre d'affaires, signe évident d'une baisse du pouvoir d'achat.
En Occident, l'économie libérale voit son domaine se restreindre avec l'entrée de capitaux d'état non seulement dans les banques mais aussi dans les autres secteurs de l'économie. L'idée Sarkozienne -pour prendre l'exemple de la France- d'un fonds souverain destiné à prendre des participations dans les entreprises est à la fois une nationalisation déguisée, un retour au protectionnisme et une réaction de défense contre la mondialisation.
L'année prochaine risque d'être celle d'une vraie récession: baisse des revenus et hausse des prix, chômage, tensions sociales, montée des corporatismes ("protégeons nos acquis, il n'y en aura pas pour tout le monde") et des inégalités mais aussi des mécontentements avec des conséquences imprévisibles sur la politique qui, ayant fait la preuve de son incapacité à prévoir et à gérer la crise, perdra encore plus de sa crédibilité.
P.S. Aventureux. Du latin adventurus, participe futur du verbe advenire: arriver. A donné "aventure": ce qui va arriver ... sans qu'on sache quoi.