Nouratin m'a donné une idée avec son article d'aujourd'hui sur le déplacement de Pépère "en région" comme disent les technocrates jacobins et les journalistes parisianistes. Notre président en costume-cravate a parlé des emplois francs qui sont, selon lui, "une mesure antidiscrimination, pour que les jeunes qui viennent de zones regardées comme posant des problèmes puissent avoir une chance". Des CDI qui rapporteront cinq mille euros à l'entreprise qui embauchera un de ces jeunes.
Passons sur la formulation pédalonautique: "qui viennent de zones regardées comme posant des problèmes" (l'ENA, ça marque pour la vie). Chacun sait bien que ce ne sont pas les zones qui posent des problèmes mais certains de ceux qui y vivent et notamment les jeunes à guillemets. Pépère s'en serait rendu facilement compte s'il s'y était rendu sans ses garde du corps et au guidon de son scooter.
A propos, il faudra qu'on m'explique comment une mesure discriminatoire peut être "anti discrimination". Un jeune de mes amis qui peine à trouver du boulot malgré ses diplômes sérieux et ses origines bien françaises et qui est prêt à accepter n'importe quoi, s'est pointé à Pôle emploi pour voir s'il ne pourrait bénéficier des initiatives du redresseur de courbe du chômage. On lui a dit de circuler: malgré ces vingt-cinq ans, il n'entre pas dans cette catégorie de "jeunes".
De l'importance des guillemets.
On peut imaginer les critères que le chef d'entreprise désireux d'encaisser cinq mille euros indiquera sur l'offre d'emploi qu'il transmettra à son Pôle emploi préféré pour mettre toutes les chances de son côté.
Par exemple:
- le candidat devra être bien connu des services de police (certificat établi par le commissariat voisin); à défaut attestation du juge pour enfant indiquant les motifs des relaxes;
- bonne pratique de la conduite (automobiles et deux roues), permis de conduire non nécessaire;
- aptitude au combat de rues;
- certificat de scolarité indiquant le niveau de l'échec scolaire;
- estimation du chiffre d'affaire généré par le trafic de drogue et relevé du nombre de voitures brûlées dans sa cité.
- etc
Toute cette affaire d'emplois francs me paraît quand même louche. Si un employeur sait quoi faire d'un type comme ça, la police devrait plutôt enquêter sur ses activités au lieu de lui filer cinq mille euros.