Le Huron, Pangloss et compagnie

J'ai vu et entendu beaucoup de journalistes interroger beaucoup d'hommes politiques.

Mais jamais, je dis bien jamais, je n'ai entendu cette question qui me brûle les lèvres:

"Et vous n'avez pas honte??!!"

Je n'étais pas au courant! Jugez donc de ma surprise.

Je viens d'apprendre que parmi les réussites à mettre au crédit de notre président, outre la remise au goût du jour des talons Louis XV, il y a le Grenelle de l'environnement.

Hélas! Le journaliste qui m'a livré l'information n'a pas estimé utile de me donner plus de détails. C'est sans doute trop évident. Surtout pour lui. Parce que pour moi ...

Si quelqu'un a constaté que son environnement est visiblement grenellisé, il peut m'en informer, Une photo serait appréciée.

Une offre d'emploi en Inde pour un informaticien fait parler d'elle. Peut-être vit-on comme un maharajah en Inde avec quelques milliers de roupies par mois, mais l'annonce publiée par l'ANPE destinée aux chômeurs français étonne.

D'autant plus qu'on ne peut savoir de quelle entreprise elle émane. L'ANPE garantit aux employeurs la "confidentialité". A ce niveau, on pourrait plutôt parler de l'anonymat réservé aux patrons qui ne sont pas très fiers de ce qu'ils font.

Une seule solution : répondre par un CV et une lettre de motivation anonymes accompagnés d'une photo en cagoule. Qui se dévoilera le premier?

Lundi 5 mai: L'affaire ne s'est pas arrêtée là. L'information était suffisamment bizarre pour que soit piquée la curiosité des journalistes. Ils ont découvert l'identité de l'auteur de l'offre d'emploi. Il s'agit d'une société de droit indien créée à Pondichéry par des Français. Il semble que le salaire offert soit plus que correct en Inde.

Se pose un autre problème: quel est l'avenir de l'Europe face à des pays (et des continents) qui peuvent proposer à ses habitants des services ou des produits équivalents à ceux qu'elle offre pour un moindre coût? Les Français sont-ils disposés à refuser de consommer "made in India" ou "made in China" pour conserver des salaires "made in France"?

Le pouvoir d'achat européen (ou ce qu'il en reste) est artificiellement et de manière malsaine maintenu à son niveau actuel parce que les salaires de notre occident peuvent encore être dépensés en partie sur des marchés orientaux.

Les nouvelles les plus intéressantes ne sont pas toujours les dernières. Quand elles ont mûri quelques jours, elles n'en sont que plus savoureuses.

En voici un exemple tiré du Figaro Magazine du 26 avril dernier, soit non pas le dernier numéro paru mais celui de la semaine précédente. Une semaine seulement et lça sent le moisi.

Notre président figure sur la couverture dans une attitude qui lui est habituelle, le pouce sur le clavier de son portable. Le titre nous allèche : "Les coulisses de la riposte". Et les sous-titres itou : "Les 10 jours où il a repris les choses en main" et "Un an après, quel bilan?".

Pas de surprises  : comme l'avait dit en son temps Georges Marchais à propos de l'URSS, le Fig-Mag nous suggère de penser que le bilan de notre président est "globalement positif" et qu'en ce qui concerne la reprise en main "Vous allez voir ce que vous allez voir".

Les sondages de la semaine dernière suffisent à montrer ce que l'opinion pense de ce bilan. Quant à la reprise en main, elle se situe, c'est le Fig-Mag qui nous incite à le constater, essentiellement au niveau de la com'.

Il suffit pour s'en convaincre de lire et même de déguster l'article consacré par Anne Fulda à Thierry Saussez, le nouveau "Monsieur anti-couacs gouvernementaux". Cet homme vient d'être nommé "délégué interministériel à la communication auprès du premier ministre". (Le Fig-Mag parsème ce titre ronflant de quelques majuscules que je n'ai pas jugé utile de reproduire ici).

"Je vais la boucler", "Pour la première fois de (sa) vie" il va se taire. Il va s'en tenir à une "farouche volonté d'abstinence médiatique", nous rapporte la journaliste. Voilà donc quelqu'un qui va jouer le rôle de l'éminence grise et qui a décidé de rester en retrait, de ne pas se faire remarquer, d'être invisible.

C'est sans doute pourquoi il accorde une interview au Fig-Mag, que cette interview occupe une demi-page et qu'elle est illustrée par une photo du personnage qui a l'air fort content de lui.

Une discrétion aussi ostentatoire méritait une place privilégiée "auprès du premier ministre." Tellement privilégiée qu'il peut se passer de François Fillon grâce à un "accès direct au président de la République".

Tout ceci est amusant, direz-vous. Mais souvenez vous de la phrase de Coluche "Rigolez pas, c'est vous qui payez".

Barak Obama se désolidarise enfin de son pasteur. John Mc Caine n'en fait pas autant. Hilary Clinton, on ne sait pas.

Pourquoi les Américains se cassent-ils la tête, dépensent-ils des millions de dollars et perdent-ils autant de temps et d'énergie à organiser des primaires puis des élections?

Il suffirait de choisir le pasteur ou le rabbin ou l'imam ou le gourou qui donne les meilleurs conseils aux éventuels candidats.

Ou plutôt le moins allumé. C'est à dire le plus mécréant.

Ne faut-il pas se méfier en effet des capacités intellectuelles de quelqu'un qui veut conduire les affaires du monde et qui croit avec le même cerveau aux fables bizarres d'une des multiples religions qui se disputent la clientèle des habitants de notre petite planète?