Plaignons les Allemands!
Oui, plaignons ce malheureux peuple qu'une chancelière inconsciente, de droite (en plus! à qui se fier? je vous le demande) et en léger surpoids (que les premiers secrétaires du PS qui n'ont jamais songé à faire un régime lui jettent la première pierre) mais démocratiquement élue (voilà ou ça mène la démocratie! ce n'est pas chez nous que ça arriverait un truc pareil), sous le fallacieux prétexte de se conformer à la volonté de la majorité de ses concitoyens (1), a privé d'électricité en décidant qu'en 2022, il n'y aurait plus une seule centrale nucléaire en activité sur le sol allemand.
Reconnaissons quand même qu'elle leur a donné le temps de s'habituer à l'idée: dix ans!
Ça paraît long, dit comme ça, dix ans; mais c'est court, très court pour stocker des bougies, remplir les lampes à pétrole, entasser du bois de chauffage sur le balcon, tricoter des mitaines, adapter une manivelle à la machine à laver, transformer la télé en théâtre de marionnettes et dresser un immigré en CDI estival à agiter un éventail (ça marche aussi avec un "bac+5" en stage).
Et s'entraîner à entrer dans le moyen-âge.
Car c'est ce qui leur pend au nez, aux Teutons. LE MOYEN-ÂGE.
Déjà SARKO nous l'avait dit
Et Anne Lauvergeon nous l'a encore répété et François Fillon qui ne lui refuse rien, a confirmé qu'il ne fallait pas espérer que la France songerait un jour à fermer ses centrales (au cas où vous vous poseriez la question, en l'occurrence, la "France", ce n'est pas vous, c'est lui et, bien sûr, surtout Aréva, EDF etc).
Pour le cas où nous n'aurions pas compris à quel point les Allemands sont inconscients des conséquences de cette décision inconsidérée, la presse quasi-unanime (et désintéressée) nous l'a bien expliqué dans le détail.
Car en plus, comme si ça ne suffisait pas de retourner quelques siècles en arrière, les Allemands vont voir grimper la note de l'électricité qui leur restera et de celle qu'ils produiront avec du vent, de l'eau ou du soleil. En effet, ils vont à la fois:
- devoir investir dans la recherche de nouvelles sources d'énergie;
- payer des fortunes pour démanteler leurs centrales;
- et dépenser leurs derniers sous pour éliminer leurs déchets radio-actifs;
- tout en nous achetant notre belle électricité nucléaire bleu-blanc-rouge qu'on leur vendra de plus en plus cher (ça leur apprendra!).
Quand je dis "qu'on leur vendra", comprenez "s'il nous en reste". En effet, certains consommateurs indisciplinés, en s'obstinant à vouloir se chauffer en hiver et à brancher la clim' dès les premiers beaux jours, contraignent EDF à se raccorder au réseau germanique.
Chez nous, c'est promis-juré, l'électricité ne va pas augmenter. Sauf, bien sûr, si c'est nécessaire pour payer la construction de nouvelles centrales, démanteler celles dont ne peut prolonger un peu plus la vie, retraiter le combustible usé, stocker les déchets ultimes, financer la prospection de nouveaux gisements d'uranium dans des pays exotiques, payer les rançons des otages d'Areva au Niger et les retraites-chapeau des pontes d'EDF etc etc.
A la télé, à la radio, les chroniqueurs économiques (chiffres à l'appui et ils ont fait vite pour peaufiner leurs calculs), politiques (même notre Parti Solférinien à nous qui est tellement de gauche n'oserait pas envisager de fermer nos centrales comme ça) et même environnementaux (les centrales au charbon, hein?, les centrales au charbon, vous n'avez quand même pas cru qu'ils allaient les fermer, les cousins germains, et tenir leurs objectifs de réduction des gaz à effet de serre) sont revenus sur le sujet, chacun à sa manière pour nous dire combien les Allemands étaient, disons le mot: bêtes.
Nous qui sommes intelligents mais gentils, nous ne devons pas nous moquer d'eux.
Seulement les plaindre de n'avoir pas la chance d'être dirigés par Anne Lauvergeon.
(1) Voir sur ce sujet, l'excellent article de Carlus: "Sortir du nucléaire, est-ce bien démocratique?".