Comme promis, l'avocat de Tristane Banon a déposé une plainte contre DSK pour tentative de viol. Maintenant, c'est à la Justice française de faire la preuve qu'elle est plus efficace, plus sereine et plus humaine que la Justice américaine si critiquée ces derniers temps malgré le succès que remportent les séries mettant en scène procureurs hargneux et avocats retors.
Donc le procureur de la République est saisi. A lui de voir dans un premier temps si la plainte est recevable. Comment? Dieu seul le sait! Les faits, si faits il y a eu ne sont pas prescrits. Pour le reste, mystère.
Il peut ensuite ordonner une enquête et là, ça devient coton.
Tout ce dont il dispose, ce sont des on-dit et des affirmations contradictoires des principaux intéressés. Et on ne parle pas des "soutiens" de DSK qui, ignorant tout des faits et des circonstances, n'ayant été témoins de rien, crient au complot, à la manipulation, vont chercher dans la famille de la plaignante des raisons de douter de l'agression dont elle aurait été victime. Elle a publié récemment des chroniques sur un site de droite: preuve que DSK n'a pas pu ne serait-ce que l'effleurer! Sa mère est élue socialiste: preuve que ... que quoi au fait? On ne sait mais c'est une preuve. Elle ne porte pas le nom de sa mère: voilà qui est suspect! Et son père? On ne l'entend pas. Où donc est-il? C'est bizarre. J'ai même lu que son avocat serait juif! Ce qui serait une nouvelle preuve!
Même les avocats new-yorkais de DSK s'en mêlent, des gens dont on pourrait pourtant penser qu'ils sont les moins susceptibles d'apporter une quelconque lueur dans cette ténébreuse affaire.
On imagine le procureur devant débrouiller cet écheveau.
Un examen médical de la plaignante? Inutile d'y penser! Si elle a eu des bleus, il y a beau temps qu'elle a retrouvé une peau de bébé!
Des prélèvements sur Tristane? On espère que c'est impossible car cela laisserait penser qu'elle ne s'est pas trempée dans l'eau depuis quelques années.
Des prélèvements sur DSK? C'est déjà fait. Il suffit de demander au procureur de Manhattan. Mais quelques chose me dit qu'ils ne permettront pas de conclure dans un sens ou dans l'autre.
Tout ça risque, sérénité oblige, de durer deux ou trois ans.
Heureusement, ai-je entendu, il y a une porte de sortie: il suffirait de requalifier les faits en simple agression sexuelle. Ils seraient alors prescrits. Une décision chèvre-chou.
DSK n'aurait fait que lutiner Tristane et, comme l'a dit Jack Lang, "il n'y a pas mort d'homme".
Il ne restera plus qu'à déguiser DSK en lutin. C'est pas gagné!