Supposons que vous soyez trésorier de l'UMP. Vos responsabilités vous amèneront à faire appel à la générosité (officielle ou discrète) des donateurs solvables. Et qu'y a-t-il de plus solvable que quelqu'un qui se nomme Bettencourt?
Supposons qu'à cette occasion vous fassiez connaissance ou même que vous appreniez l'existence du gestionnaire de la fortune Bettencourt. Qu'y a-t-il là de répréhensible?
Supposons que votre épouse qui travaille actuellement dans une banque mais a des relations dans le grand monde (les propriétaires de chevaux de course, par exemple) cherche un boulot hautement rémunérateur en rapport avec son statut social.
Supposons qu'il vous revienne aux oreilles que le gestionnaire de la fortune Bettencourt cherche à recruter un collaborateur.
Supposons que, chaussant vos gros sabots de ministre du Budget (car, je l'avais oublié: vous êtes aussi ministre du Budget), vous demandiez à rencontrer ce bonhomme que par ailleurs vous ne connaissez pas (ou si peu!), pour lui demander de recevoir votre femme pour lui donner quelques "conseils" sur la suite de sa carrière.
Supposons (oh! surprise! oh! hasard heureux!) que le gestionnaire en question, pas du tout étonné par cette demande provenant d'un quasi-inconnu et séduit par les compétences de votre épouse et par la douce musique que vous parvenez à tirer de vos gros sabots, engage votre épouse en lui versant une rémunération pétardesque.
Supposons que le bruit s'en répande dans votre ministère.
Supposons que personne parmi vos subordonnés n'ait alors l'idée saugrenue d'initier un contrôle fiscal chez l'employeur de votre femme.
Supposons, comme il est d'usage entre gens de bonne compagnie, tout se fasse discrètement et en liquide, que vous n'écriviez rien et ne disiez rien d'explicite devant témoins.
Vous voilà parfaitement innocent.
Vous pouvez alors traiter par le mépris les enregistrements d'un maître d'hôtel félon ou les agendas d'une secrétaire frustrée.