Les nouvelles qu'on nous donne, ce qu'on peut en faire et en penser sans laisser passer une occasion de ricaner. Et la vie quotidienne, ses hauts et ses bas. Pas vraiment politiquement correct et rarement consensuel.
En prenant connaissance de la décision que la Commission Européenne vient aujourd'hui de rendre publique, on a pu croire un instant que ceux qui souhaitaient contracter un cancer, devenir stériles ou avoir des enfants malformés voyaient subitement leurs chances de faire les intéressants fortement réduites.
En effet, cette Commission qui veille sur nous avec la sollicitude que l'on sait a annoncé qu'elle interdisait six substances extrêmement dommageables pour la santé, c'est-à dire "cancérigènes ou toxiques pour la reproduction, [qui] persistent dans l'environnement et s'accumulent dans les organismes vivants" et qui sont "utilisées par les industriels du cosmétique, du bâtiment, du textile, du cuir et de l'automobile".
Que les cancerologues, les spécialistes de la fertilité et les toxicologues se rassurent; ils ne verront pas diminuer leur clientèle brutalement et peut-être même pas du tout car, dans sa grande sagesse, la Commission a accordé à ces industriels et à leurs clients un délai de grâce: "trois à cinq ans" pendant lesquels, ils pourront poursuivre leurs activités.
"A quoi doivent-ils utiliser ce délai?", vous demanderez vous.
A demander une dérogation d'utilisation: "les opérateurs qui souhaiteront vendre ou utiliser ces substances devront prouver que les mesures de sécurité requises ont été prises pour contrôler efficacement les risques ou que les avantages pour l'économie et la société l'emportent sur les risques". Traduction: si ça rapporte plus de pognon au fabricant qu'il ne lui en coûterait au cas où il devrait indemniser les victimes, il pourra continuer comme devant.
Le commissaire à l'Environnement, un certain Janez Potocnik, est très content de cette décision si l'on en juge par cette déclaration: "Elle représente un pas important vers une meilleure protection de notre santé". Si c'est un commissaire européen qui le dit, on peut le croire.
Pour ceux qui s'inquiètent plus que de raison (et plus que la Commission) pour leur petite santé et qui refuseraient égoïstement de la sacrifier sur l'autel des intérêts supérieurs de l'économie, ils ont toujours la ressource de ne pas posséder d'automobile, de ne pas porter de chaussures de cuir, d'éviter les vêtements composés de textile, de ne pas habiter de bâtiment et de ne pas utiliser de produits cosmétiques. Comme vous pouvez le constater, c'est tout simple.
Pour ceux qui croiraient encore que la Commission Européenne est dévouée aux intérêts des industriels et se fiche des Européens, cette décision courageuse ne peut que les détromper.
PS: Pour les chimistes, voici la liste de ces produits: le musk xylène, le diaminodiphénylméthane (MDA), l'hexabromocyclododécane (HBCDD), le bis (2-éthylexyl) phtalate (DEHP), le benzyl butyl phtalate (BBP) et le dibutyl phtalate (DBP). On retrouvera certains de ces produits, leurs utilisations et les dangers qu'ils présentent en tapant "phtalate" sur Wikipedia.