Les nouvelles qu'on nous donne, ce qu'on peut en faire et en penser sans laisser passer une occasion de ricaner. Et la vie quotidienne, ses hauts et ses bas. Pas vraiment politiquement correct et rarement consensuel.
La politique, ce peut être la gestion des affaires publiques pour laquelle s'opposent les partis qui ont des conceptions différentes de cette gestion. Mais ce peut-être aussi la conduite d'autres affaires dans lesquelles la démocratie n'a que très peu de place et dans lesquelles on trouve surtout des connivences pour ne pas dire des complicités entre gens qui se combattent quand ils sont sur le devant de la scène et s'entendent comme larrons en foire dans les coulisses.
L'affaire de l'attentat de Karachi semble être de celles-là.
L'une des hypothèses soulevées par l'instruction de M. Trévidic est que l'arrêt des versements des commissions promises au Pakistan par le gouvernement Balladur aurait enclenché un mécanisme conduisant à l'attentat, dans lequel ont péri, en 2002, 14 personnes, dont 11 Français.
Le juge Van Ruymbeke estime, dans une ordonnance datée du 6 octobre, qu'un lien peut être établi entre d'éventuelles rétro-commissions opérées en France à l'occasion de ce marché, via plusieurs intermédiaires, et l'alimentation suspecte du compte de campagne de M. Balladur.
En effet, les rapporteurs chargés d'inspecter les comptes de l'ancien premier ministre relèvent plusieurs anomalies de taille, dans leur rapport que Le Monde a pu consulter. Ils dénoncent le versement en espèces de 10 250 000 francs (1 562 602 euros), le 26 avril 1995, "dépourvu de tout justificatif (...) et dont l'origine n'est accompagnée d'aucun commencement de preuve". Et les rapporteurs de préciser : "Le candidat ne sait manifestement pas quelle argumentation opposer aux questions [des] rapporteurs."
Curieusement, le Conseil constitutionnel présidé par M. Dumas finira pourtant par valider les comptes de M. Balladur, au grand dam des rapporteurs au cours d'une séance houleuse.
"Ce rapport des enquêteurs du Conseil constitutionnel est accablant, déclare le député PS Bernard Cazeneuve, rapporteur de la mission d'information parlementaire sur l'attentat de Karachi. Nous souhaitons savoir pourquoi le Conseil constitutionnel est allé à l'encontre de l'avis de ses rapporteurs."
Et c'est ici qu'on commence à ricaner.
Balladur incapable de dire d'où viennent ces dix millions de francs, les rapporteurs qui lèvent ce lièvre de belle taille et Dumas qui, contre leur avis et dans une "séance houleuse", valide les comptes, c'est déjà gros.
Mais là où cela devient énorme, c'est quand Roland Dumas, interrogé, déclare n'avoir gardé aucun souvenir de la chose.
Et quand l'actuel président Jean-Louis Debré,trouve cette excuse:
"Toutes les archives sont entreposées à Fontainebleau, ..... nous n'avons plus rien rue Montpensier, il faudrait que j'aie une bonne raison pour rapatrier les archives. Donc, en l'état, je ne vois pas comment tirer les choses au clair...".
Il faut dire que l'amnésie n'est pas punie par la loi et que Fontainebleau, c'est loin!