Les nouvelles qu'on nous donne, ce qu'on peut en faire et en penser sans laisser passer une occasion de ricaner. Et la vie quotidienne, ses hauts et ses bas. Pas vraiment politiquement correct et rarement consensuel.
Étonnante trouvaille que celle qu'ont faite les policiers qui ont perquisitionné le domicile de Christine Lagarde en mars dernier: une lettre manuscrite adressée à Sarko. A-t-elle été envoyée? N'est-ce qu'un brouillon? On ne sait mais ça n'a aucune importance car ce qui compte, c'est son contenu, ce qu'il implique et l'éclairage inouï qu'il porte sur les dessous bien cachés de la vie politique.
Voici le texte de cette lettre copiée sur LeMonde.fr: c'est moi qui ai souligné certains mots et les parenthèses sont aussi de moi:
Cher Nicolas, très brièvement et respectueusement
1) Je suis à tes côtés pour te servir et servir tes projets pour la France.
2) J'ai fait de mon mieux et j'ai pu échouer périodiquement. Je t'en demande pardon (de quoi? on veut savoir!).
3) Je n'ai pas d'ambitions politiques personnelles et je n'ai pas le désir de devenir une ambitieuse servile (ben voyons!) comme nombre de ceux qui t'entourent dont la loyauté est parfois récente et parfois peu durable (salut, les copains!).
4) Utilise-moi pendant le temps qui te convient et convient à ton action et à ton casting.
5) Si tu m'utilises, j'ai besoin de toi comme guide et comme soutien : sans guide, je risque d'être inefficace, sans soutien je risque d'être peu crédible. Avec mon immense admiration. Christine L.
Il ne manque à cette lettre que l'engagement formel de prodiguer à Nicolas, sur simple demande de sa part, les gâteries qu'il pourrait souhaiter. Ce doit être parce que certaines choses s'écrivent et que d'autres se lisent entre les lignes.
Imaginait-on que, lorsqu'on est ou qu'on sera (la lettre n'est pas datée) ministre des Finances et membre éminent du gouvernement d'un pays qui se dit démocratique et républicain, l'on puisse autant s'aplatir devant un homme même s'il est le chef de l'état au point de perdre toute dignité?
La lecture d'une telle lettre, écrite par un courtisan à Louis XIV, nous ferait dire que les temps ont bien changé et que la République a tourné la page sur ces humiliations volontaires ou non.
J'ai écrit plus haut "que l'on puisse". N'aurais-je pas plutôt dû écrire "que l'on doive"?
Car si Christine Lagarde a écrit cela, ne peut-on penser que d'autres (tous les autres?) ont dû écrire ou au moins prononcer de tels mots? Hortefeux? Fillon? Guéant? Guaino? Qui encore?
Et que peut-on penser de quelqu'un qui accepte, à moins qu'il ne les exige, de telles déclarations?
Est-ce que ce genre de relations se limitait à la Sarkozie ou font-elles partie du fonctionnement normal et habituel de la vie politique?
PS: merci à Pascale qui m'a signalé l'article.