Angela Merkel est en Turquie. A cette ocasion, elle a fait une annonce importante: elle qui était si opposée à l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne (comme une grosse majorité d'Allemands) est devenue favorable à la réouverture des négociations avec Ankara.
Et pourtant la Turquie a du boulot pour remplir les critères: liberté de la presse, islamisation galopante, statut des minorités, nationalisme, place de la femme dans la société, occupation militaire d'une partie de Chypre (pourtant membre de l'UE) etc.
Sur France-Culture ce matin, c'était le sujet d'une chronique. On apprenait ainsi que les hôtesses des Turkish Airlines allaient abandonner leur uniforme pour une version islamique à la sauce ottomane, que le foulard islamique, banni il y a presque un siècle par Mustapha Kemal, était de nouveau autorisé dans les universités (foulard porté en public par l'épouse d'Erdogan), que le ministre de l'éducation était favorable à ce qu'il soit porté par les petites filles dès l'école primaire, que le président avait annoncé que toutes les femmes turques devaient avoir au moins trois enfants (et donc rester à la maison pour s'en occuper).
Alors pourquoi Angela vient-elle de retourner sa veste?
L'explication donnée par la chroniqueuse est simple: les élections approchent et Angela ne peut plus se priver des voix des membres de la communauté turque de plus en plus nombreux à avoir la nationalité allemande.
Explication rendue vraisemblable par le président turc qui a déclaré que, puisqu'il y a déjà cinq millions de Turcs en Allemagne (il ne parle pas des autres pays), la Turquie est de facto entrée dans l'Europe.
Manière diplomatique de dire "Rendez-vous, vous êtes envahis".
Le Gribouille du conte se jetait à l'eau pour se protéger de la pluie.
PS: Si un jour la Turquie fait partie de L'UE, l'Europe aura une frontière commune avec la Géorgie, l'Arménie, l'Iran, l'Irak et la Syrie. Pour mémoire, la Turquie compte plus de soixante-dix millions d'habitants et sa croissance démographique est forte.