Détourner l'attention du spectateur pour exécuter un tour de passe-passe est le principe de base de la prestidigitation et de la politique. En ce qui concerne la prestidigitation, il s'agit de faire oublier l'adresse de l'artiste. Dans le domaine politique, c'est le contraire, c'est la maladresse qu'il faut faire oublier.
L'affaire Clavier en est un nouvel exemple. Les manifestants qui ont occupé pendant quelques heures le jardin du comédien sont connus et certains ont même donné des interviews à la presse pour exposer les motifs de leur action après s'être retirés.
Si cette occupation était illégale et contrevenait aux droits fondamentaux de notre république comme l'a proclamé la grandiloquente ministre de l'Intérieur, il suffisait (et il suffit encore) d'interpeller les coupables de ce crime "gravissime" et l'affaire était dans le sac. Mais on n'a pas osé. Ils auraient parlé. Ils auraient bénéfcié d'une tribune et l'opinion publique aurait pu estimer que leurs arguments n'étaient pas tous irrecevables.
Car cette "violation de propriété" n'a pas de mobile crapuleux comme les multiples cambriolages qui se produisent en France et qui, eux, n'entraînent pas de sanctions pour le commissaire du quartier.
Non! C'est une affaire politique qui oppose les nationalistes corses à l'état français, à ses protégés, à ses notables, à ses affairistes pour qui la Corse est un eldorado immobilier où les mots "mise en valeur" et "occupation des sols" prennent un sens ... comment dirais-je? ... exotique.
Il fallait calmer Clavier, il fallait calmer Sarko. Il ne fallait pas jeter de l'huile sur le feu que des maladroits trop pressés de profiter de la manne immobilière (ou inquiets que ça ne dure pas encore longtemps) avaient eu le tort d'allumer.
Alors, c'est Rossi qui trinque. Au fait, Rossi, ce ne serait pas un nom corse? Voilà-t-y pas que Sarko lâche ses collaborateurs!