"Je n'ai pris aucune décision", dit Manuel Valls. "L'exécution du MAE est une décision de la justice. La décision a été appliquée sous l'autorité du parquet général de Pau. Ce n'est pas du ressort du ministre de l'intérieur que je suis". Et Christiane Taubira en rajoute: "La remise de Mme Martin à la Justice espagnole s'est opérée dans le strict cadre du mandat d'arrêt européen".
Même si l'interpellation d'Aurore Martin s'est faite à l'occasion d'un banal contrôle routier selon la version officielle (version contestée par certains), sa "remise à la Justice espagnole" n'a pas été aussi automatique que Valls et Taubira veulent bien le dire.
Il y a assez d'exemples de décisions de Justice prises en France dont l'exécution est retardée ou même empêchée par les autorités qui le plus souvent avancent le risque de trouble à l'ordre public pour qu'on puisse s'interroger sur les raisons de la diligence mise par la France.
Il n'a "pris aucune décision"?
Il aurait dû.
Pendant ce temps, Aurore Martin est incarcérée en Espagne démocratique, en attente d'un procès équitable.
Mais quoi qu'on dise, une citoyenne française livrée à un pays étranger par les autorités françaises est pour l'instant "démocratiquement" derrière les barreaux et risque d'être "équitablement" condamnée à dix ans de prison pour délit d'opinion.