Les nouvelles qu'on nous donne, ce qu'on peut en faire et en penser sans laisser passer une occasion de ricaner. Et la vie quotidienne, ses hauts et ses bas. Pas vraiment politiquement correct et rarement consensuel.
Les employés du Pôle emploi sont en grève, mardi 9 novembre, pour dénoncer leurs conditions de travail et le peu de moyens qu'ils ont pour accompagner les chômeurs.
"Encore!", se dit-on. Et pourtant, au-delà de ce qui semble l'expression formatée d'une de ces revendications qui sont le lot commun des employés des services publics, il y a la réalité d'un service qui s'est déshumanisé au détriment des chômeurs qui, venant chercher de l'aide, trouvent souvent une machine qui, incapable de les aider, n'a plus pour objet que de maquiller le nombre exact de chômeurs. Les employés de Pôle Emploi viennent travailler en sachant qu'il vont côtoyer la misère sans pouvoir y apporter le moindre remède.
Selon la formule "Il y a les petits mensonges, les sacré mensonges et les statistiques", les statistiques ne comptent que les "demandeurs d'emploi de catégorie A" et passent pudiquement sur les autres catégories. Et pourtant, le total est alarmant: on estime à quatre millions sept cent mille personnes touchées par le chômage total ou partiel ou par la précarité de CDD ultra-courts et qui devront quand même payer un loyer, se nourrir, se chauffer.
Les employés de Pôle emploi se sont vus fixer des "objectifs" chiffrés: réduire le nombre des chômeurs de catégorie A par tous les moyens; moyens qui vont de la formation bidon au stage tout aussi bidon et en dernier recours la radiation sous tous les prétextes possibles. La radiation, ça signifie rien à bouffer à brève échéance pour le radié. Ceux qui se trouveront bientôt sans ressource aucune seraient (chiffre officieux) plusieurs dizaines de milliers.
Quoi qu'il ,en soit l'objectif affiché est de cinq cent mille radiations à la fin de l'année (entendu aujourd'hui sur France-Inter). Les employés de Pôle Emploi sont "motivés" (et cela en ennuie beaucoup) par une prime d'efficacité collective qui impose à chacun de surveiller tout le monde et de faire pression inconsciemment sur ceux qui risqueraient de se laisser attendrir par des situations par trop dramatiques.
Pour désamorcer leur frustration devant le rôle qu'on leur fait jouer sans leur donner les moyens nécessaires, ils essaient de plaisanter. On veut qu'ils radient? Ils seront donc "radiateurs".
Plaignons les "conseillers" de Pôle Emploi mais pensons aussi aux chômeurs. Voici une opinion relevée sur LeMonde.fr: "Je me demande aujourd'hui si le Pôle emploi sert à aider les demandeurs d'emploi ou à les enfoncer. L'accueil en agence est inexistant. On a l'impression que notre destin est entre leurs mains... Ils ont la maitrise de nos allocations et, en effet, on peut se retrouver avec zero euros par mois! Le Pôle emploi pratique l'art de nous enfoncer un peu plus chaque jour : ne pas répondre à nos courriers, nous virer sans raison, nous parler comme à des chiens, nous faire tourner en bourrique pour nous faire abandonner toutes procédures administratives, faire trainer nos dossiers de demande d'allocations, etc."