Les nouvelles qu'on nous donne, ce qu'on peut en faire et en penser sans laisser passer une occasion de ricaner. Et la vie quotidienne, ses hauts et ses bas. Pas vraiment politiquement correct et rarement consensuel.
Comme tous les ministres de l'Intérieur, Manuel Valls se penche sur le problème corse. Et comme tous les ministres de l'intérieur, il tient le même discours avec une variante: la reconnaissance d'une "forme d'échec depuis longtemps".
Certes, il y a en Corse de la criminalité et des mouvements nationalistes (parfois opposés) qui s'expriment par la violence. Et parfois l'une et les autres se mêlent depuis quelque temps sur fond de spéculation immobilière, de trafic de drogue, de tourisme non maîtrisé et de revendication identitaire .
Certes.
Mais ce n'est pas de ça dont je veux parler, c'est du discours de Valls et des contradictions qu'il contient.
Il a dénoncé l'absence de réactions des élus insulaires à part quelques exceptions.
Et a "saisi l'inquiétude profonde de l'immense majorité de nos compatriotes corses".
Où sont donc les contradictions?
En premier lieu en affectant d'ignorer le fait que depuis que la Corse est française, l'Etat a créé et favorisé un système de clans fonctionnant selon un clientélisme forcené de type quasi-mafieux et souvent par une fraude électorale systématique avec comme mission pour les élus de "tenir" la Corse. Aujourd'hui encore, on est souvent élu de père en fils et ce depuis plusieurs générations. C'est contre ce système que se sont longtemps battus les nationalistes et donc contre les élus qui le maintenaient et en profitaient. Ils ne vont quand même pas protester! Il est naïf, Manuel.
En second lieu en parlant de "compatriotes corses". Il faut s'entendre. Les habitants de la Corse, tous les habitants sont des compatriotes français de Manuel Valls. En revanche, s'adresser aux Corses (et donc pas aux continentaux installés sur place récemment), c'est introduire une différence entre "compatriotes". Les Corses d'une part qui, pour certains, auraient des raisons d'avoir des sympathies nationalistes et donc une part de culpabilité dans les attentats, les autres "compatriotes" d'autre part qui ne sont pas corses et donc ne devraient pas être soupçonnés de soutenir les nationalistes.
Enfin, en affirmant que les Corses, "dans leur immense majorité" sont inquiets. Si la criminalité les inquiète à juste titre, le nationalisme les inquiète peu. Elle inquiète surtout les autres "compatriotes" de Manuel Valls.
S'il veut résoudre le problème en ignorant ses données, la situation n'est pas près de s'arranger.