Les nouvelles qu'on nous donne, ce qu'on peut en faire et en penser sans laisser passer une occasion de ricaner. Et la vie quotidienne, ses hauts et ses bas. Pas vraiment politiquement correct et rarement consensuel.
Jean-Louis Borloo a longtemps essayé de faire croire que ses fonctions de ministre de l’Écologie consistaient à protéger notre environnement et que la concertation était sa méthode de travail.
Eh bien! Ce n'était pas vrai.
On a appris récemment qu'il y a moins d'un an, il avait en catimini décidé d’octroyer trois permis d’exploration de gaz de schistes aux groupes Total, GDF-Suez et Schuepbach Energy (la société américaine qui est la seule à maîtriser la technique) dans une zone d’environ 10 000 km² s’étendant de Montélimar (Drôme) à Montpellier (Hérault) couvrant ainsi une partie des départements de l’Hérault, de l’Aveyron, de la Lozère, de l’Ardèche et de la Drôme.
Et que parallèlement le Président de la République, le Premier ministre, la ministre de l'Economie, la ministre de l'Ecologie, le ministre de l'Intérieur, le ministre chargé de l'Industrie et la ministre de l'Outre-mer signaient une ordonnance visant à ''moderniser et simplifier les dispositions applicables aux exploitations minières".
Moderniser et simplifier, cela veut dire que les industriels auront les mains plus libres. Beaucoup trop libres au goût de certains..
Jugez plutôt: grâce à cette ordonnance, les permis de recherche ne nécessiteront pas d'enquête publique ou de concertation, le passage du permis de recherche à l'autorisation d'exploitation sera facilité, les documents de prospection seront non communicables au public pendant vingt ans pour les hydrocarbures, les autorisations de recherche pourront être renouvelées deux fois pour cinq ans (dix ans au total) sans mise en concurrence, les autorisations existantes avant 2014 ne nécessiteront pas de garanties financières, il n'y aura pas de sanction en cas de dommages à l'environnement ou de non respect des autorisations administratives lors de l'exploration, on accordera des facilités à entrer dans le terrain d'autrui et à l'occuper etc.
Les habitants de la très vaste zone concernée par l'exploitation de ces hydrocarbures, les élus locaux, les associations, les industriels du tourisme, les agriculteurs et éleveurs qu'on a laissé dans l'ignorance des projets concoctés en haut lieu (mais pour leur bien!) ont quand même fini par être au courant. Ils protestent car ils savent, comme vous pouvez le savoir vous aussi si vous allez passer quelque temps sur internet après avoir tapé "gaz de schiste" sur Google, ce que je vous recommande, ce que l'exploitation des gaz de schistes entraînera pour eux.
Alors, ils posent la question: "Si c'est si bien que ça, si ça n'a aucune conséquence sur l'environnement, si ça ne pollue pas les nappes phréatiques, si l'eau qu'on va utiliser ne le sera pas au détriment des habitants et des activités agricoles et touristiques, si les produits qu'on va mettre en oeuvre ne sont pas cancérigènes, si le paysage ne sera pas ravagé, pourquoi donc tous ces catiministres, si prompts à se faire mousser à propos du moindre de leur geste ont-ils été si discrets sur ce coup? Auraient-ils quelque chose à se reprocher? Par exemple, une affection particulière et désintéressée (qu'alliez-vous imaginer?) pour ces grands philanthropes que sont les industriels de l'énergie?"
Devant les protestations du petit peuple, l'Etat ne renonce pas. Il fait juste semblant de donner des gages à la concertation. Nathalie-Kosciusko-Morizet annonce une "étude d'impact" (tiens! ce n'était donc pas prévu?).
Et l'inénarrable Eric Besson avoue son ignorance (il signe sans savoir?) mais laisse la porte ouverte, non pas aux malchanceux qui habitent entre Montélimar et Montpellier mais à Total, GDF-Suez et Schuepbach qui s'impatientent en déclarant:"La France n'a pas fermé la porte au gaz de schiste. Nous attendons des réponses à ces deux questions: y-a-t-il un potentiel en France'? Nul ne le sait pour l'instant. Et peut-on l'exploiter proprement'? Nul ne le sait".
Il n'a pas Internet, Besson? On lui conseille la lecture, entre autres, de ce long article fort bien documenté.