Les nouvelles qu'on nous donne, ce qu'on peut en faire et en penser sans laisser passer une occasion de ricaner. Et la vie quotidienne, ses hauts et ses bas. Pas vraiment politiquement correct et rarement consensuel.
Le projet Edvige a fait scandale. L'idée que tout citoyen français puisse être l'objet d'un fichage à un titre ou un autre a provoqué dans l'opinion une réaction de rejet et a fait planer sur ceux qui croient en toute bonne foi (et c'est ce qui est inquiétant) avoir sur chacun de nous une parcelle de pouvoir, l'accusation de menées liberticides. Etre fiché, c'est être suspect a priori. Pire! C'est être suspect de pouvoir le devenir.
Le tout sans contrôle, comme au bon temps de la Stasi dont les fichiers n'ont été entrouverts qu'à la chute du mur de Berlin. Sans contrôle car contrairement à ce que préconise la CNIL (Commission Nationale Informatique et Liberté) pour les fichiers privés, dans ce fichier Edvige, les citoyens ne bénéficient pas du "droit d'accès et de modification des informations les concernant". C'est la porte ouverte non seulement à toutes le pressions, tous les chantages même. Sans parler de tous les risques d'erreurs ou de bavures.
Il semble que La CNIL ne s'en soit pas avisé. Ou qu'elle considère qu'il est normal que le berger connaisse bien son troupeau pour choisir les moutons qu'il va tondre et ceux qu'il peut envoyer à la boucherie.
Le gouvernement va reculer. C'est ce qu'on nous laisse entendre. Bien. Mais jusqu'où? Supposons que le projet passe à la trappe. est-ce que les autres fichiers vont disparaître eux-aussi? Ceux qui devaient être intégrés dans ce grand fichier informatisé comme ceux, plus secrets ou plus occultes, que possèderaient, dit-on, des officines discrètes,
ET SURTOUT, qu'en est-il des fichiers privés où chacun de nous se trouve?
- Fichiers-clients des entreprises;
- Fichiers des abonnés à un journal;
- Fichiers professionnels;
- Fichiers EDF ou GDF;
- Fichier des organismes de crédit;
- Fichiers de la grande distribution où vous avez une carte de fidélité
- etc.
Tous ces fichiers peuvent être prêtés, échangés, vendus en toute légalité (ce qui explique que vous receviez chez vous des offres commerciales ciblées venant de sociétés avec lesquelles vous croyiez n'avoir jamais eu de contact). Ils peuvent être croisés et donner sur vous plus de renseignements que les concepteurs d'Edvige ne pouvaient rêver d'en découvrir.
Ils peuvent l'être aussi volés, piratés ou copiés. Vous pouvez figurer sur un fichier sans même le savoir et dans ce cas qu'en est-il de votre droit d'accès et de modification?
J'exagère? Souvenez-vous qu'il y a plus de quarante ans, le secrétaire général de l'U.D.R. (le nom du parti gaulliste de l'époque) avait VENDU une partie du fichier de l'ORTF à une société de vente par correspondance!
On n'y peut rien, croyez-vous. On peut au moins supprimer la CNIL.