Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les nouvelles qu'on nous donne, ce qu'on peut en faire et en penser sans laisser passer une occasion de ricaner. Et la vie quotidienne, ses hauts et ses bas. Pas vraiment politiquement correct et rarement consensuel.

La Corse vue du ciel par une personnalité

En Corse, une petite fille est morte faute d'avoir été secourue à temps par le SAMU appelé en urgence par le médecin qui était auprès d'elle. L'hélicoptère qui aurait pu la sauver était indisponible : il était en train de transporter le préfet qui allait à une "importante réunion". On l'a dérouté pour aller chercher l'équipe médicale avant de le diriger vers la petite fille. Trop tard! Le médecin qui était à son chevet dit qu'elle aurait pu être sauvée si les secours étaient arrivés plus vite.

Dans l'île, on s'indigne. Et on demande des comptes. Et on pose des questions. Comment est-il possible qu'un moyen de transport indispensable dans cette région montagneuse aux routes encombrées en été par des hordes de touristes soit réquisitionné par un fonctionnaire de la République pour son confort ou son prestige personnel?

La réponse n'a pas tardé. En toute innocence et naïveté, le secrétaire général de la préfecture a déclaré :
- que l'hélicoptère n'était pas affecté à la Sécurité civile ou au SAMU mais dépendait du ministère de l'intérieur donc de son représentant en Corse c'est-à-dire le préfet;
- que l'aéronef en question était destiné au transport de personnalités:
- qu'il était par conséquent tout à fait normal qu'il soit utilisé par le préfet pour ses déplacements;
- que, bien entendu, le préfet le mettait à la disposition du SAMU quand on le lui demandait;
- qu'il n'était pas prévu que l'hélicoptère ayant à son bord une équipe d'urgentistes attende un appel au secours mais qu'au contraire la règle voulait qu'il soit à la disposition du préfet.
 
Résumons : C"est une triste affaire, mais on n'y peut rien. C'est un malheureux concours de circonstances. Et, comme dans tous les concours, il faut un gagnant et un perdant. Cette fois-ci, c'est le préfet qui a gagné et la petite fille qui est morte. La prochaine fois, ce sera peut-être l'inverse : le mourant sera sauvé et le préfet ne mourra pas. 

Passons sur la nécessité de la présence effective du préfet à une réunion à l'époque du téléphone, d'internet, du fax, de la webcam et de la vidéo-conférence. Ecartons d'un revers de main les doutes pourtant légitimes sur la véritable importance de cette réunion. Négligeons le fait qu'un préfet dispose d'une voiture de fonction et que rien ne l'empêche de l'utiliser. Ignorons le train qui, en évitant les embouteillages, relie Ajaccio et Bastia. Ignorons, passons, écartons, négligeons tout ce qui pourrait nous faire penser qu'il y a peu de choses qu'un préfet puisse faire qui soit plus important qu'une vie humaine (et pas seulement celle d'une petite fille).

Oui, passons! Car -argument imparable- un préfet est une personnalité. La véritable question est donc : "Qu'est-ce qu'une "personnalité?" D'où découle une autre question : "A quoi donne droit le statut de personnalité?"

Petite chose amusante, la réponse est très simple: une personnalité c'est quelqu'un qui a droit à des privilèges, c'est à dire à des avantages interdits au reste de la population et qui bien entendu ne lui coûtent rien. Le statut de "personnalité" s'étend, selon des règles officieuses et opaques, à la famille et aux amis de la personnalité.
Si cette définition ne vous paraît pas claire, un exemple va vous  aider : Quand on n'a qu'un seul hélicoptère à attribuer, entre le SAMU pour le secours d'urgence et le préfet pour ses déplacements (je n'ose dire ses promenades), on réserve l'hélicoptère au préfet.
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article