Le Huron, Pangloss et compagnie

Pendant que MAM essaie maladroitement de se dépatouiller des conséquences de son voyage en Tunisie, on apprend que Fillon a passé les vacances de Noël en Egypte avec femme et enfants, invité "à titre privé" par "les autorités égyptiennes". Tous frais payés par le raïs, vols intérieurs compris, bien sûr. Seul lui a été facturé (quand même!) mais au "tarif établi par l'armée de l'Air" (ça fait combien?), son voyage sur le Falcon 7X du gouvernement (aucun rapport du point de vue du confort avec les avions affrétés par les compagnies low-cost). L'excursion (qu'est-ce qu'ils aiment les "excursions" au gouvernement!) à Abou Simbel était comprise dans le forfait "Hosni Tours".

C'est évidemment par pure bonté d'âme et même par pitié que le riche Hosni Moubarak a voulu offrir des vacances à notre premier ministre nécessiteux et à sa petite famille qui avaient bien besoin de quitter leur quartier difficile et de respirer le bon air.

Fillon se défend en disant que les troubles n'avaient pas encore éclaté en Egypte et que l'aspiration du peuple à un semblant de liberté ne s'était pas encore fait entendre sur la place Tahrir.

A ce moment, la dictature n'était pas contestée. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a accepté l'invitation: rien ne vaut un pouvoir fort pour assurer la tranquillité des touristes et leur éviter tout contact avec la populace. La démocratie, c'est déjà assez ennuyeux en France, ce n'est pas la peine de la subir à l'étranger!

PS: Et le Maroc qui, dit-on, risque de bouger aussi? Tous ceux qui, entre Noël et le Jour de l'an, sont allés chercher le soleil chez M6, roi très autoritaire et très riche d'un pays très pauvre et très corrompu, doivent se sentir dans leurs petits souliers (sans parler de DSK qui y possède un riad que l'on dit superbe). Que n'ont-ils suivi l'exemple de Copé qui lui, en allant à Cuba, a choisi une dictature plus solide?

La Direction Centrale du Renseignement Intérieur s'inquiète: une centaine de combattants européens, dont quatorze Français, recrutés par Al-Qaida et entraînés dans la "zone pakistano-afghane" projetteraient des frappes terroristes dans les pays occidentaux.

"Ayant vécu en Europe et nourrissant souvent des griefs personnels à l'encontre de leurs pays d'adoption, ces Européens sont susceptibles de s'impliquer dans des actions terroristes".

"Français", "Européens"! Leurs "pays d'adoption" leur ont accordé la nationalité en vertu du droit du sol. Ils semblent préférer le droit du sang. 

Quitte à projeter de faire couler un sang qu'ils jugent différent du leur.

"B", comme bêtise.

Je viens d'apprendre que Daniel Cohn-Bendit a défini l'attitude de Michèle Alliot-Marie comme "extrêmement bête".

En accumulant les mensonges pour expliquer l'inexcusable: son indulgence -quand ce n'est pas son soutien- à Ben Ali et le manque de dignité qu'il y a à accepter en remerciement des avantages en nature, la ministre avait déjà amplement mérité la coupe "Pinocchio".

La voici "bête" en plus!

Car ses excuses prennent l'eau de toutes parts. Alors la question se pose: peut-on, je vous le demande laisser les commandes de la diplomatie française à quelqu'un qui ne sait pas mentir?

Que n'a-t-elle pris exemple sur son bonhomme, lui aussi ministre, lui aussi bénéficiaire du vol gratuit Tunis-Tabarka et que personne n'ennuie. Il faut dire que lui, au moins, il ferme sa gueule.

Ce qui n'est pas le cas de l'UMP, Henri de Raincourt, un sous-ministre de MAM, chargé de la Coopération, qui semble n'avoir rien compris au film et qui vole bêtement au secours de MAM en déclarant: "Est-ce que j'ai le droit de monter dans la voiture qui appartient à un des mes amis, qui est chef d'entreprise ? On va finir par se poser la question, parce qu'on pousse le bouchon tellement loin que lorsqu'on est un élu, on ne pourra plus rencontrer quelqu'un qui exerce dans le milieu médical, industriel ou économique".

Curieux, vous ne trouvez-pas? Aurait-il quelque chose à se reprocher, ce maladroit qui attire l'attention sur lui alors qu'on ne lui a rien demandé?

Coopération?

"Milieu médical, industriel ou économique"?

Héhé!

Les céréales qui constituent la base de la nourriture de nombreux pays pauvres (et plus ils sont pauvres plus la part des céréales dans l'alimentation est importante) servent, dans le pays riches, à nourrir le bétail pour la production de viande quand ce n'est pas, comme aux USA ou au Brésil, par exemple, à produire de l'éthanol destiné aux moteurs.

La demande croissante de matières premières agricoles, en relation directe avec l'augmentation rapide de la;population mondiale, fait monter les prix. Des prix que seuls vont pouvoir payer les pays "les moins pauvres" au risque de voir se produire chez leurs voisins moins favorisés, les "émeutes de la faim" que redoutent tous les gouvernants et que prévoit la FAO.

Vous avez vu "Soleil vert"?

Après l'affaire du Mediator, après une importante campagne médiatique, après de nombreux atermoiements et des excuses exprimées dans une langue en bois massif, l'AFSSAPS vient de renoncer à sa position "responsable-pas coupable" et de publier la liste de soixante-dix médicaments mis "sous surveillance renforcée".

N'étant spécialiste en matière de médecine, ni en matière de pharmacie, ni même en terminologie bureaucratique, je ne me prononcerai pas sur la procédure.
Mais ma longue expérience de patient m'amène à éprouver de la méfiance vis-à-vis de cette surveillance. Je comprends que ces médicaments (dont certains même sont paraît-il efficaces!) présentent des risque d'effets secondaires qui ne seront vraiment évalués qu'après leur utilisation par les malades et pourraient même se voir retirer une autorisation de mise sur le marché qu'on peut, au vu de cettaines conséquences fâcheuses, supposer un peu prématurée. Car enfin, la "surveillance", ça serait mieux de la faire avant qu'on déplore des morts ou des maladies graves.

Et ça, ça me coupe l'envie de me soigner.

Mais ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain! Cette procédure de "surveillance renforcée" est peut-être contestable lorsqu'il s'agit de santé publique, elle aurait son utilité lorsqu'il s'agit d'affaires publiques et de politique. Evaluer en permanence l'efficacité des ministres et les "retirer du marché" dès que les effets secondaires de leurs actions se révèlent non-souhaités (comme disent certaines notices) permettrait de renvoyer à Biarritz une ministre des Affaires Etrangères qui réussit à nous brouiller avec le peuple tunisien ou à Neuilly un décorateur maniaque qui épingle la légion d'honneur sur tout ce qui bouge, de l'évadé fiscal en Helvétie à l'assassin pharmaceutique.