Le Huron, Pangloss et compagnie

Imaginons que des chrétiens intégristes aient commis tous les attentats attribués aux islamistes au Nigéria mais aussi en Egypte, au Pakistan et ailleurs. Imaginons qu'ils aient persécuté des musulmans comme les chrétiens sont persécutés en Irak, en Syrie, en Egypte etc.

Vous imaginez les réactions de notre classe politique?

La loi récemment votée réprime la négation des génocides dont le génocide arménien. La Turquie proteste et la communauté turque installée en France manifeste. Petite chose amusante: il est interdit en Turquie d'affirmer l'existence de ce génocide. Et pourtant la communauté française de Turquie ne manifeste pas à Ankara.

C'était juste pour dire.

Sarko qui n'en loupe pas une a affirmé qu'il faut "respecter les convictions de chacun". Et voilà un génocide devenu une conviction et non un fait!

Et ce que refuse la Turquie, ce n'est pas tant la chose que le mot et la culpabilité qui y est attachée. Elle ne protesterait pas si on lui disait: "Vous avez fait mourir cinq cent mille Arméniens? Ce n'était pas un génocide mais une opération de maintien de l'ordre, donc vous avez eu raison".

Cet immixion d'un pays étranger dans le travail législatif d'un autre pays m'agace prodigieusement même si le vote a été acquis à la majorité d'une Assemblée comptant, comme nous le fait remarquer Corto, à peine cinquante députés présents.

Il n'empêche -et je l'ai déjà dit- que je suis contre ces lois mémorielles qu'on peut soupçonner d'être votées pour des raisons électoralistes ou pour jouer sans frais sur une corde sensible: les bons sentiments, ça ne mange pas de pain.

Nombre de ceux qui, comme moi, y sont opposés avancent l'argument selon lequel ce n'est pas à la loi d'écrire l'Histoire.

Certes.

Mais cela va plus loin. L'article ci-dessous donne un autre exemple de police de la pensée.

Une fois la brèche ouverte, quel autre domaine fera l'objet d'une loi?

Peut-on s'attendre à voir réprimer tout propos qu'une religion qualifierait de "blasphème"?

Ou que soit punie par la loi toute personne affirmant que six foit neuf font cinquante-deux?

Alors que sa femme souffrait de contractions depuis deux jours, Nassim Mimoune l'a conduite à l'hôpital, mais s'est opposé «avec virulence au toucher vaginal» qu'une sage-femme voulait pratiquer.

Sa femme a alors été transférée au bloc opératoire pour une césarienne, le personnel acceptant, pour apaiser la situation, que le mari assiste depuis le sas du bloc, à l'intervention. Mais celui-ci, voyant l'anesthésiste enlever le voile de sa femme, a cassé la porte du bloc et poussé la sage-femme, qui a eu deux jours d'ITT. "Je me suis mis en colère. En tirant sur la porte, j'ai tapé sa main, je l'avoue, j'ai sûrement appuyé" a-t-il déclaré à l'audience. Il a été condamné àà six mois de prison en comparution immédiate.(source LeParisien.fr)

Bon. C'est un fait-divers banal, hélas!  On s'habitue.

Si ça s'était arrêté là, je ne vous en aurais pas parlé.

Mais France-inter a jugé intéressant, puisqu'un membre du personnel de l'hôpital avait été blessé, d'interroger un représentant syndical.

Lequel a déclaré en substance que "si on ne veut pas se plier aux règles de l'hôpital, on ne vient pas à l'hôpital, on reste chez soi".

Pour y mourir après deux jours de contractions et la nécessité d'une césarienne?

C'est vrai que, comme ça, on n'est pas au courant et on ne risque pas d'être accusé d'islamophobie.

La BCE va "ouvrir un guichet" pour que les banques puissent s'y refinancer.

Elles y trouveront des euros tout frais pondus à un taux proche de zéro.

On est bien content pour elles.

Peut-être auront-elles l'idée de souscrire aux emprunts (178 milliards en 2012) que la France va émettre pour payer les dettes arrivant à échéance et combler le déficit prévu (77 milliards ai-je entendu ce matin).

Le tout si la croissance atteint le 1% espéré.

En pourcentage, il est "réduit" à 4,5% non pas des recettes mais du PIB.

C'est dire si c'est sérieux!

Dans la télé un porte-parole des grévistes qui bloquent les aéroports brandissait une fiche de paie en proclamant que le salaire qui y figurait se montait à mille six cents euros avec les primes au bout de dix ans de carrière.

Somme que Benoît Hamon, porte-parole du PS, trouvait nettement insuffisante pour des gens qui assumaient de telles responsabilités.

Ceux qui ont pris l'avion ont pu constater  que ce boulot de "responsabilité" consiste essentiellement à regarder des gens passer sous un portique, à leur demander de vider leurs poches et à observer des radiographies de bagages à main défilant sur un tapis roulant.

Pour mémoire, le salaire médian en France est aux dernières nouvelles de 1652 euros. Ce qui signifie que la moitié des salariés français reçoivent moins que les grévistes des sociétés de sécurité qui travaillent dans les aéroports.

Des grèves en perspective chez les bénéficiaires du RSA?

Ou une opération s'inscrivant harmonieusement dans la campagne électorale?