Deux études confirment (un fois de plus!) que les insectes pollinisateurs (abeilles mais aussi bourdons et autres nombreuses espèces sauvages) sont sensibles au thiaméthoxam, le principe actif du Cruiser fabriqué par le suisse Syngenta et à l'imidaclopride que l'on trouve dans le tristement célèbre Gaucho de Bayer.
Sensibles, ça veut dire que les bestioles qui butinent le colza ou le tournesol dont les graînes ont été traitées avec ces insecticides perdent leur sens de l'orientation, ne retrouvent pas leur ruche ou leur nid et meurent. (source)
Un insecticide qui tue les insectes! Pour une surprise, c'est une surprise!
"Ces choses-là sont rudes
Il faut pour les comprendre avoir fait ses études" (V.H.)
Et des études, on ne fait que ça.
Ça fait passer le temps. Et pour les marchands, le temps, c'est de l'argent.
Mais pas de panique! Le ministère de l'Agriculture envisage (!) d'interdire le Cruiser "après qu'un rapport lui aura été fourni" par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur cette étude d'ici fin mai, c'est à dire "avant la nouvelle campagne de semences en juillet".
Ça va chauffer! "Si ces nouvelles données étaient confirmées, l'autorisation de mise sur le marché" du Cruiser OSR, serait retirée".
Une étude, un rapport sur l'étude, une étude pour confirmer les résultats et un nouveau rapport etc etc etc
Le temps que tout ça se fasse, que les élections soient digérées, que les nouveaux députés soient élus, Syngenta risque de se retrouver avec un gros stock de semences de colza traitées au Cruiser. Peut-être même en trouvera-t-on dans les coopératives agricoles ou chez les agriculteurs.
Et ça sera reparti pour un an de plus! Cette comédie dure depuis de longues années.
J'en arrive à espérer que nos politiques sont vraiment pourris, qu'ils ne sont pas naïfs au point de se décarcasser pour des prunes et que Bayer et Syngenta savent être reconnaissants..
Les manoeuvres dilatoires de Bayer et Syngenta, niant les résultats des études ou contestant leurs méthodes ne sont pas étrangères à la lenteur des procédures interdisant leurs produits. Juste un exemple qui vaut son pesant de tartines beurrées: en 2001, Bayer engagea des poursuites judiciaires contre Maurices Mary, un des leaders de l'Association Française des Apiculteurs, pour ses propos désobligeants (!) sur le Gaucho (Wikipedia).
A ce rythme, le miel va devenir un produit de grand luxe!