3 août 2009
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La retraite est un des fondements de notre société, entend-on dire. Et la France a de quoi être fière de son système de retraite. C'est la marque de la solidarité entre les générations entre les jeunes qui travaillent et les vieux qui leur ont laissé la place. La retraite, c'est comme la Sécurité Sociale, le principe est excellent, ... son application problématique quand elle n'est pas catastrophique.
Je parle de la retraite du régime général, la retraite par répartition. Je ne parle pas de la retraite par capitalisation sur laquelle il y aurait beaucoup à dire aussi. Je ne parle pas non plus des régimes particuliers ( SNCF, RATP, EDF, fonctionnaires, députés etc).
En fait, la retraite, c'est comme une escroquerie à la pyramide, du genre de celles qui ont fait la fortune et entraîné les ennuis de Ponzi et plus récemment de Madoff. Mais une escroquerie qui fonctionnerait: il y a toujours -en théorie- de nouveaux arrivants dont les cotisations paient les pensions de ceux qui prennent leur retraite.
En pratique, ce n'est pas aussi beau qu'en théorie (Bonjour Ponzi! Bonjour Madoff!). Les "nouveaux arrivants" sont de moins en moins nombreux par rapport aux "sortants" qui -les mauvais Français- s'obstinent à vivre plus longtemps que prévu. En plus, beaucoup d'actifs ne le sont qu'en fonction de leur âge. En réalité, ils sont au chômage total ou partiel; ce qui réduit le nombre de cotisants et le total des cotisations de ceux qui en paient.
Résultat: les caisses se vident plus vite qu'elles ne se remplissent. Il est donc urgent de trouver une solution.
Et c'est ici que ça devient "sociétal". Parce qu'il n'y a que trois solutions: a) reculer l'âge de la retraite, b) augmenter les cotisations ou c) réduire les pensions. On peut en privilégier une ou faire un mélange des trois, le résultat ne sera pas satisfaisant. Il se pourrait même qu'il soit profondément injuste. Et c'est notre société qui en sera bouleversée.
Réduire les pensions.
Il est admis que les retraités, du jour où ils quittent leur atelier ou leur bureau voient leur pouvoir d'achat diminuer brutalement. Curieusement, personne n'y trouve rien à redire. Chacun sait que les vieux ne mangent que des biscottes, qu'ils n'ont pas besoin d'un logement aussi grand que quand ils étaient plus jeunes, qu'avec Derrick à la télé, ils n'ont pas besoin de sortir et qu'à la retraite, ils peuvent user jusqu'à la corde leurs vieux habits (bien sûr, on ne tient pas compte des nombreux parents qui doivent encore entretenir leurs enfants). Réduire les pensions, cela signifierait que des gens aux moyens déjà réduits perdraient une partie supplémentaire de leur pouvoir d'achat. Mais on ne leur demanderait pas leur avis, aux vieux, contraints de rallier la cohorte des nouveaux pauvres.
C'est "sociétal" on vous dit!
Augmenter les cotisations
C'est une solution séduisante: on fait entrer autant d'argent qu'on a besoin d'en sortir. Mais là aussi, on touche au pouvoir d'achat. Celui des salariés en l'occurrence. Et les salariés, ils sont moins résignés que les vieux. Ils risquent de faire grève, de manifester et -horreur!- de mal voter. Et comme ils sont plus nombreux que les vieux, le choix est vite fait. Tu m'as compris, tu m'as! Si on augmente, ce ne sera qu'à la marge. Les nouveaux "nouveaux pauvres" seront moins nombreux.
Reculer l'âge de la retraite
Belle formule ou plutôt belle formulation. Elle repose sur un postulat: que les "actifs" sont au boulot jusqu'à l'âge limite (soixante-dix ans par exemple). Ce qui n'est pas vrai. En France, la majorité des plus de cinquante-huit ans ne travaille plus. Repousser l'âge légal de plus de dix ans revient à diminuer les pensions de ceux qui cessent leur activité avant le terme imposé dans de très fortes proportions. Cela revient aussi à diminuer les droits de ceux qui iront jusqu'au bout puisqu'ils percevront ces pensions moins longtemps. Et, avec le calcul des "meilleures années", à les réduire encore.
Petit rappel (source INSEE) : 12% des hommes meurent avant 60 ans. Je n'ai pas le pourcentage de ceux qui, ayant réussi à être sexagénaires, n'arrivent pas à être septuagénaires et qui donc ne percevront pas la retraite pour laquelle ils auront cotisé. Les obliger à travailler (si par extraordinaire il y avait du boulot à la fois pour eux et pour les jeunes) n'augmentera certainement pas leur espérance de vie.
Cette dernière solution est -technocratiquement parlant- la meilleure puisqu'elle présente l'avantage de cumuler tous les inconvénients: celui de réduire les pensions, d'augmenter les cotisations, de diminuer le nombre des ayant-droit en poussant vers la tombe un maximum de vieux avant qu'ils ne puisse prétendre à la retraite ou de les faire passer directement de leur bureau ou de leur établi au mouroir le plus proche.
C'est vachement sociétal, tout ça.
Il y aurait bien une autre solution, plus globale celle-là, qui serait de remettre à plat le système des rémunérations, salaires, avantages, privilèges pour le rendre plus équitable en y incluant les pensions de retraite. Mais, à mon avis, ceux qui, pour une raison ou pour une autre, sont du bon côté de la baignoire, ne voudront même pas qu'on y songe.
Et bonjour chez vous!
Je parle de la retraite du régime général, la retraite par répartition. Je ne parle pas de la retraite par capitalisation sur laquelle il y aurait beaucoup à dire aussi. Je ne parle pas non plus des régimes particuliers ( SNCF, RATP, EDF, fonctionnaires, députés etc).
En fait, la retraite, c'est comme une escroquerie à la pyramide, du genre de celles qui ont fait la fortune et entraîné les ennuis de Ponzi et plus récemment de Madoff. Mais une escroquerie qui fonctionnerait: il y a toujours -en théorie- de nouveaux arrivants dont les cotisations paient les pensions de ceux qui prennent leur retraite.
En pratique, ce n'est pas aussi beau qu'en théorie (Bonjour Ponzi! Bonjour Madoff!). Les "nouveaux arrivants" sont de moins en moins nombreux par rapport aux "sortants" qui -les mauvais Français- s'obstinent à vivre plus longtemps que prévu. En plus, beaucoup d'actifs ne le sont qu'en fonction de leur âge. En réalité, ils sont au chômage total ou partiel; ce qui réduit le nombre de cotisants et le total des cotisations de ceux qui en paient.
Résultat: les caisses se vident plus vite qu'elles ne se remplissent. Il est donc urgent de trouver une solution.
Et c'est ici que ça devient "sociétal". Parce qu'il n'y a que trois solutions: a) reculer l'âge de la retraite, b) augmenter les cotisations ou c) réduire les pensions. On peut en privilégier une ou faire un mélange des trois, le résultat ne sera pas satisfaisant. Il se pourrait même qu'il soit profondément injuste. Et c'est notre société qui en sera bouleversée.
Réduire les pensions.
Il est admis que les retraités, du jour où ils quittent leur atelier ou leur bureau voient leur pouvoir d'achat diminuer brutalement. Curieusement, personne n'y trouve rien à redire. Chacun sait que les vieux ne mangent que des biscottes, qu'ils n'ont pas besoin d'un logement aussi grand que quand ils étaient plus jeunes, qu'avec Derrick à la télé, ils n'ont pas besoin de sortir et qu'à la retraite, ils peuvent user jusqu'à la corde leurs vieux habits (bien sûr, on ne tient pas compte des nombreux parents qui doivent encore entretenir leurs enfants). Réduire les pensions, cela signifierait que des gens aux moyens déjà réduits perdraient une partie supplémentaire de leur pouvoir d'achat. Mais on ne leur demanderait pas leur avis, aux vieux, contraints de rallier la cohorte des nouveaux pauvres.
C'est "sociétal" on vous dit!
Augmenter les cotisations
C'est une solution séduisante: on fait entrer autant d'argent qu'on a besoin d'en sortir. Mais là aussi, on touche au pouvoir d'achat. Celui des salariés en l'occurrence. Et les salariés, ils sont moins résignés que les vieux. Ils risquent de faire grève, de manifester et -horreur!- de mal voter. Et comme ils sont plus nombreux que les vieux, le choix est vite fait. Tu m'as compris, tu m'as! Si on augmente, ce ne sera qu'à la marge. Les nouveaux "nouveaux pauvres" seront moins nombreux.
Reculer l'âge de la retraite
Belle formule ou plutôt belle formulation. Elle repose sur un postulat: que les "actifs" sont au boulot jusqu'à l'âge limite (soixante-dix ans par exemple). Ce qui n'est pas vrai. En France, la majorité des plus de cinquante-huit ans ne travaille plus. Repousser l'âge légal de plus de dix ans revient à diminuer les pensions de ceux qui cessent leur activité avant le terme imposé dans de très fortes proportions. Cela revient aussi à diminuer les droits de ceux qui iront jusqu'au bout puisqu'ils percevront ces pensions moins longtemps. Et, avec le calcul des "meilleures années", à les réduire encore.
Petit rappel (source INSEE) : 12% des hommes meurent avant 60 ans. Je n'ai pas le pourcentage de ceux qui, ayant réussi à être sexagénaires, n'arrivent pas à être septuagénaires et qui donc ne percevront pas la retraite pour laquelle ils auront cotisé. Les obliger à travailler (si par extraordinaire il y avait du boulot à la fois pour eux et pour les jeunes) n'augmentera certainement pas leur espérance de vie.
Cette dernière solution est -technocratiquement parlant- la meilleure puisqu'elle présente l'avantage de cumuler tous les inconvénients: celui de réduire les pensions, d'augmenter les cotisations, de diminuer le nombre des ayant-droit en poussant vers la tombe un maximum de vieux avant qu'ils ne puisse prétendre à la retraite ou de les faire passer directement de leur bureau ou de leur établi au mouroir le plus proche.
C'est vachement sociétal, tout ça.
Il y aurait bien une autre solution, plus globale celle-là, qui serait de remettre à plat le système des rémunérations, salaires, avantages, privilèges pour le rendre plus équitable en y incluant les pensions de retraite. Mais, à mon avis, ceux qui, pour une raison ou pour une autre, sont du bon côté de la baignoire, ne voudront même pas qu'on y songe.
Et bonjour chez vous!