On a assez ri avec Christine Lagarde et son gouvernement "révolutionnaire" qui a tourné "à 360°". On pourrait la plaindre, la pauvre!, si on ne se souvenait pas qu'elle est ministre de NOS Finances et que c'est elle et ses pareils (en 2002, elle est classée cinquième femme d'affaires européenne par le Wall Street Journal Europe) qui nous ont plongés dans la crise financière, puis économique, puis sociale et enfin politique que nous connaissons.
On peut rire aussi avec Ségolène Royal qui n'a pas vu le temps passer et qui nous refait sa campagne de 2007 et ses appels du pied aux centristes. Après les avoir accusés d'être à droite, elle leur redécouvre une qualité "humaniste", terme que même le Modem hésitait à employer depuis quelque temps (par crainte du ridicule?) et reprend même certaines des phrases creuses de la propagande de Bayrou ("replacer l'homme au centre"). Et avec Martine Aubry qui en rajoute une couche et lance un appel aux "démocrates" et aux "humanistes".
On peut rire avec les centristes aussi nombreux que les centres dont ils se réclament et qui tous ne rêvent que d'enterrer leurs différences au cours d'une réunion "Embrassons-nous Folleville" que chacun de son côté est prêt à convoquer mais à laquelle il rechigne à assister si l'heure et l'endroit sont fixés par d'autres.
On peut rire avec la droite et la gauche qui, se rendant compte que les politiciens centristes ne se confondent pas avec les électeurs de Bayrou en 2007 et que celui qui les séduira à nouveau (ce sera plus difficile: chat échaudé ...) risque de donner la victoire à l'un ou l'autre camp (un centriste, c'est quelqu'un qui se désiste au second tour), seraient prêtes à soutenir une résurrection du Modem ou même (voyez à quelles extrémités ils sont parvenus!) du Parti Radical.
Mais on peut aussi rire des analystes, exégètes, gloseurs et interprètes des fines nuances de la politique politicienne qui, dès qu'on leur tend un micro ou une feuille de papier, remarquent que le nouveau gouvernement a acquis une plus forte teinture "chiraquienne" (c'est Sarko qui doit être content!).
On peut rire enfin des arithméticiens qui jugent le gouvernement à l'aune de la parité et de la diversité comme si la couleur de la peau ou le fait de faire pipi debout ou accroupi était une preuve de compétence; à condition, bien sûr, sous-entendent-ils, qu'il n'y ait pas trop de ces compétences-là, tout étant une question de dosage).
Pour satisfaire ces derniers, je propose la création d'un nouveau ministère-alibi ("Encore un!", vous exclamerez-vous, "Eh oui! Faut c'qu'y faut", vous rétorquerai-je), un ministère bicéphale chargé à la fois de la diversité et de la parité dans lequel oeuvreraient ensemble:
- un homme "issu de l'immigration" (si possible avec un père et une mère de deux origines différentes), homosexuel et handicapé
- une femme elle aussi "issue de l'immigration" (père et mère d'autres origines que le mâle ci-dessus), elle aussi homosexuelle et handicapée. L'idéal serait, en plus, que l'un des deux soit catholique intégriste et l'autre musulman pratiquant.
Et si on tient vraiment à rigoler, on leur choisira des noms qui vont bien ensemble comme l'avait fait De Gaulle quand il avait voulu mettre dans le même gouvernement Pompidou deux "Jacques", Jacques Marette et Jacques Maziol et qui, dit-on, ne donnait comme explication à son choix que celle-ci: si on essayait de dire très vite et plusieurs fois de suite Maziol et Marette, ça finissait par donner un résultat assez amusant.