Le Huron, Pangloss et compagnie

Le Conseil Constitutionnel a retoqué la loi pénalisant la négation des génocides et en particulier le génocide arménien.

La Turquie se réjouit: un Français pourra nier le génocide arménien sans risquer d'être puni pour ça.

Combien en auront envie?

Une juriste que l'on présente comme "d'origine arménienne", interviewée sur France-Inter, le regrette.

Sarkozy veut présenter une nouvelle mouture de sa loi et Hollande veut revenir sur le sujet s'il est élu.

Arguments opposés:

- ce n'est pas à la loi d'écrire l'Histoire ni de punir ceux qui nient des faits, avérés pour certains, contestés par d'autres;

- nier un génocide reconnu par la loi, c'est insulter les victimes et fonder une propagande raciste;

- la liberté d'opinion ne doit pas être limitée pas plus que la liberté de recherche de l'historien;

- etc etc

Ce débat ne pose qu'une partie du problème. Certes, des centaines de milliers d'Arméniens sont morts entre 1915 et 1923. Et il est indéniable que les Turcs de cette époque en portent la responsabilité. Il est indéniable aussi que les autorités turques d'aujourd'hui minorent  le bilan quand elles ne nient pas. Il semble que, pour elles, cet événement soit encore d'actualité.

Mais est-ce à la loi française de qualifier cet épisode de génocide? Et de ce servir de ce mot pour réglementer l'expression des Français sur ce sujet?

Est-ce à la loi, donc au pouvoir politique de décider de ce qui est vrai ou faux? De ce qui est ou non arrivé? De ce qui est réel ou imaginaire?

En quoi l'opinion qu'on a aujourd'hui sur un événement influe-t-elle sur un événement qui appartient au passé?

La négation de la Shoah supprime-t-elle la Shoah?

Souvenons-nous qu'il y eut des époques où les astronomes étaient condamnés quand ils contredisaient la Bible.

Et n'oublions pas qu'il y a aujourd'hui des pays où nier l'existence de Dieu est puni de mort.

Ce n'est pas à la loi de dire ce qui est une erreur et ce qui est un mensonge.

Elle doit réprimer les faits pas les opinions; aussi fausses soient-elles.

PS: Je devrais suivre le conseil de Juntos et faire un blog de cuisine.

Moi qui me réjouissais d'assister à une nouvelle campagne électorale, prêt à profiter du spectacle, à ricaner de tous ces gens qui découvrent depuis quelques semaines qu'ils m'aiment d'amour, qui affirment qu'ils sont proches de moi, qu'ils partagent mes préoccupations, qu'ils ne veulent que mon bonheur, qui viennent au bout de quelques décennies de trouver enfin ce qu'il faudra faire pour que la France redevienne ce pays décrit dans mon livre de lecture du temps où j'étais en culottes courtes ou (pour les plus jeunes), ce pays qu'on voit derrière l'affiche de Tonton, version 1981, qui s'envoient des insultes, qui protestent de leurs goûts simples, qui proclament leurs compétences, qui ont une idée par jour alors que celles qu'ils ont eues ces dernières années se comptent sur les doigts d'une main, qui visitent plus d'usines et d'étables que je n'ai vu de musées, qui promettent la lune, qui veulent nous faire croire que -contrairement à Julio Iglesias- ils ont changé,

mais moi qui me passionne pour la politique parce que je crois qu'il faut se mêler de ses propres affaires, qui crois que la démocratie est un idéal à atteindre et un acquis à sauvegarder, qui estime que la laïcité est inséparable de cette démocratie, qui prise plus le progrès de la civilisation que la civilisation du progrès, qui refuse de confondre suffrage universel et démocratie,

je suis déçu.

Certes, au début, j'ai rigolé du spectacle pitoyable donné par certains candidats, des nez qui auraient dû s'allonger au risque de sortir de l'écran de ma télé, de l'ambition dévorante qui transparaissait sous les sourires modestes et les protestations de désintéressement, des "équipes" de campagne qui rêvaient de maroquin et surtout du niveau affligeant de cette campagne plus démagogique qu'électorale;

mais ça ne me fait plus rire.

Je sature.

Je suis plus que rassasié.

J'ai le coeur au bord des lèvres.
Je crois que je vais vomir.

Encore deux mois à tenir.

Hollande a fait savoir qu'il a passé dix heures à la pequenaud-parade.

Tout ça pour enfoncer Sarko et péter plus haut que le cul de Chirac, le précédent recordman.

Pathétique!

Pour rester dans la note, va-t-il demander à Sarko de lui laisser ses talonnettes avec les clés de l'Elysée?

J'aurais pu vous parler des prévisions de la commission de Bruxeles: "récession pour la zone euro", de la Russie qui "réarme à grande vitesse", de la Chine qui pourrait "doubler son budget de Défense d'ici à 2015", des Etats-Unis qui "entendent rester la première puissance militaire mondiale" (source: LeMonde.fr) et de bien d'autres nouvelles peu réjouissantes ou carrément inquiétantes.
J'ai préféré dénicher une lueur d'espoir dans cette actualité sinistre: Frédéric Nihous, le chef du CNPT (les chasseurs en français courant) se retire de la course à la présidence et se rallie à Nicolas Sarkozy.

Vous me direz qu'après les promesses indécentes faites aux chasseurs (rappel: prolongation de la période de chasse de certains oiseaux "pour raisons scientifiques"!), on ne pouvait pas s'attendre à autre chose.

Maintenant, c'est fait. On ne sait pas ce qui s'est passé sous la table et ce que ça a coûté à Sarko.

Mais c'est fait.

Et ce n'est pas dommage!

Le seul parti qui se fout ouvertement de la politique, de la crise de l'euro, des tensions au Moyen-Orient, des mesures d'austérité, de la possible bombe iranienne, de la famine en Somalie, de la TVA sociale et de bien d'autres choses encore pourvu que ses adhérents puissent continuer à se balader en tenue léopard, tirer sur des animaux qui ne leur ont rien fait, mettre dans les chemins de forêt des panneaux "Attention! Tir à balles", ce parti-là (je me répète parce que je suis trop content):

a) sort de la campagne.

Alleluia!

b) se rallie à Sarko

Alleluia!

"Qui se ressemble s'assemble", dit le proverbe.

Il dit aussi "Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es".

La droite a voté la ratification du MES (Mécanisme Européen de Stabilité). Le Front de Gauche, les Verts, Dupont-Aignan et nombre de socialistes (Laurent Fabius, Henri Emmanuelli, Arnaud Montebourg, Marie-Noëlle Lienemann) étaient contre.

Mais discipliné, le groupe socialiste s'est courageusement abstenu.

Son président, Jean-Marc Ayrault a qualifié cette abstention de "dynamique" et "constructive".

Et Pierre Moscovici a souhaité que le Sénat, pourtant majoritairement à gauche, s'abstienne, lui aussi.

Plus d'informations sur ce MES ICI, ICI et ICI et, bien sûr, sur Wikipedia.