Un certain Nicolas Dhuicq, député de son état, avait, en 2010, déposé une proposition de loi qui devait, au nom de la traçabilité et de l'information du consommateur, obliger à préciser si la viande vendue au public provenait d'abattages rituel (casher et halal), c'est à dire si les animaux avaient été abattus avec ou sans étourdissement préalable.
Proposition retirée. Il y aurait eu des "pressions" et la peur "d'être accusé de racisme" selon le député.
Une de ses collègues, Françoise Hostalier, est revenue à la charge en février dernier au nom de la "souffrance animale, de la traçabilité, de l'hygiène et de la laïcité". Mme Hostalier voulait "mettre les choses au clair" et trouvait "normal que le consommateur sache ce qu'il achète et qu'il ait le choix".
Proposition retirée à nouveau. Certains députés évoquent, sous couvert d'anonymat (courageux, les gars!), les "pressions des religieux ou de l'industrie agro-alimentaire".
Et le secrétaire d'Etat au Commerce a fait savoir que "Le gouvernement français n'est pas favorable à la mention obligatoire de l'abattage sans étourdissement, (...) qui pourrait stigmatiser des pratiques ayant des fondements relatifs à la liberté religieuse et serait de nature à déstabiliser les marchés de la viande de manière durable."
Vous ne trouvez pas qu'elle est un peu bizarre cette alliance de la religion et des gros sous, celle des mosquées et des synagogues d'une part et des abattoirs et des boucheries d'autre part?
En ce qui concerne l'aspect religieux, je ne comprends pas pourquoi alors que les boucheries musulmanes et juives affichent leur caractère halal ou casher ("sans étourdissement"), la mention contraire ("avec étourdissement") stigmatiserait les musulmans ou les juifs. Dans le même ordre d'idée, je ne sache pas que les musulmans aient crié à la stigmatisation contre les fast-food qui vendent des hamburgers halal.
Ne serait-ce pas plutôt parce qu'on trouverait dans les rayons des supermarchés beaucoup plus de viande halal qu'on veut bien nous le dire? Et à ce moment, il ne serait plus question de "stigmatisation" mais d'agacement de la part des consommateurs pour ne pas dire plus, consommateurs qui trouveraient saumâtre qu'on leur fasse manger de la viande abattue selon les rituels d'une religion qu'ils ne pratiquent pas?
Et on en arrive très vite aux gros sous: les abattoirs se simplifient la vie en pratiquant l'abattage rituel. Ils savent que leurs clients religieux exigent de savoir ce qu'ils mangent mais qu'ils peuvent obtenir des pouvoirs publics que le grand public ne soit pas informé qu'ils lui fournissent de la viande provenant d'abattages rituels.
Mais, nous prie-t-on de croire, cela ne concerne qu'une très faible quantité de toute la viande vendue.
Alors dites-moi comment une très faible quantité peut, comme le dit le secrétaire d'Etat au Commerce, "déstabiliser les marchés de la viande de manière durable"?