Je veux parler des leaders des deux fronts. Celui "de gauche" et le "national" qui se font face et qui s'agitent chacun sur son estrade pour séduire les mêmes spectateurs.
Les mêmes?
"Faut pas pousser", me direz-vous. Ce à quoi, je rétorque: "Je ne pousse pas, je constate".
Tous deux font appel au même "peuple". Le peuple qui trouve que ça commence à bien faire et qui subodore que ni Sarkozy ni Hollande ne changeront rien à sa vie quotidienne et à ses difficultés qu'ils ignorent et veulent continuer d'ignorer.
Mais le peuple aussi qui sait bien que les jeux sont faits et qu'ils l'étaient avant même le commencement de la campagne.
Le peuple qui veut au moins protester et manifester son mécontentement quand il en a l'occasion avant de replonger dans sa résignation ronchonneuse.
Les deux frontistes promettent la lune. L'un la peint en rouge, l'autre en bleu. Mais c'est la même. Elle est, sera et restera hors de portée.
Ainsi Front, Front, Front, les petites marionnettes. Jean-Luc et Marine, quoi qu'ils disent labourent le même champ et veulent faucher le même blé.
Bien sûr, il y a d'un côté comme de l'autre un "noyau dur".
A droite, ce sont les quelques survivants du pétainisme, les anti-sémites pathologiques (il y en a aussi à l'extrême gauche), les nostalgiques du béret rouge qu'ils portaient en Algérie (ça leur fait quel âge?) et quelques chrétiens intégristes. Le tout ne fait pas grand chose.
A gauche, on trouve les communistes ex-staliniens ("ex" mais avec regret), ceux qui ont apporté 1,93% des voix à Marie-Georges Buffet en 2007. On est très loin des 15% dont est crédité Mélenchon dans certains sondages! Bien sûr, il y a aussi quelques socialistes déçus qui pensent que les solfériniens sont à peu près aussi socialistes que les valoisiens sont radicaux. Mais ceux-là se paient un petit mouvement d'humeur avant de rentrer dans le rang au second tour.
Durs, les noyaux mais tout petits. A peine des pépins!
Le reste, ce sont les mêmes. Les uns accusent "la Finance", les autres "l'immigration", selon le bouc émissaire qu'ils préfèrent accuser de leurs malheurs. Mais ils sont tous la "France d'en-bas", comme disait Raffarin (sans se rendre compte du mépris contenu dans cette formule), vraiment d'en-bas c'est à dire ni de droite ni de gauche, seulement mécontente de son sort et inquiète de son avenir, qui sait qu'elle restera "en-bas" jusqu'à ce que mort s'ensuive et que la politique qui se fera ressemblera comme deux gouttes d'eau à la politique qui s'est faite.
Les Fronts, nous disent les sondages, rassembleront à eux deux aux alentours de 30% des voix.
Un gros score pour le parti des mécontents!
Unis, ils arriveraient en tête au premier tour.
Pauvre France!
PS: les autres, les "petits candidats" recueilleront (à part Cheminade, le pauvre!) non pas des votes protestataires ou contestataires mais des votes de conviction.