Le Huron, Pangloss et compagnie

Nous nous regardions de part et d'autre de la fenêtre.

Lui, un brin d'herbe entre les dents; moi, une tasse de café à la main.

PS: pour tenir compte des observations qui m'ont été faites, le lapin est devenu lièvre.

On vient de m'apprendre que des plans de sauvetage de l'Italie et de l'Espagne sont à l'étude. Les discussions sont en cours. Non pas tant pour en définir les modalités mais pour leur trouver un nom car il paraît qu'il ne faut pas prononcer le mot "sauvetage" qui risquerait de paniquer non seulement les marchés mais aussi les contribuables.

Je suggèrerais bien "redressement productif" mais il semble que ce soit déjà pris.

Sauf au sérieux.

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Les torchères qui brûlent sur les champs pétrolifères permettent de se débarrasser des gaz qui s'échappent des puits quand on pompe le pétrole brut.

Le "torchage" (terme utilisé pour désigner cette activité) est extrêmement polluant. Il consomme de l'oxygène, rejette du CO2, couvre de suie non seulement les environs en y rendant la vie difficile aux végétaux comme aux animaux et bien sûr aux agriculteurs mais aussi dissémine des particules dans le monde entier et notamment sur les banquises où il accélère la fonte des glaces en diminuant leur pouvoir réfléchissant.
Rien d'étonnant donc qu'il soit interdit sur le territoire européen et que la Russie se soit engagée à le bannir de son sol d'ici deux ans.

Dans des pays plus lointains, les compagnies pétrolières ne s'embarrassent pas ce genre de détail. Un reportage sur Arte nous montre qu'au Nigeria, par exemple (mais ce n'est qu'un exemple parmi d'autres), dans un objectif de rentabilité à court terme, Shell continue de brûler ces gaz qui représentent pourtant d'énormes quantités d'énergie. Pour vous donner une idée de la chose, on estime que le torchage pratiqué dans ce seul pays gaspille une quantité d'énergie équivalente à la totalité des besoins de l'Allemagne.

On envisage d'interdire l'importation en Europe du pétrole produit par des compagnies pratiquant le torchage.

Appelé à s'expliquer devant les instances européennes, un responsable de Shell a assuré que sa compagnie respecte les normes environnementales du Nigeria.

Je répète: les normes environnementales du Nigeria.

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Deux gendarmes ont été froidement abattues par un bonhomme qui aurait dû se trouver en prison et qu'on savait dangereux.

"Envoyer des femmes faire ce genre de boulot!", se scandalisent certains, souvent les mêmes que ceux qui sont les ardents partisans de la parité.

D'autres estiment que quand on envoie deux gendarmes en intervention, il faudrait au moins que l'un d'entre eux soit un homme.

Toujours pour respecter le principe de parité?

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Et bonjour chez vous!

La victoire des socialistes est une bénédiction. Et pas seulement pour les socialistes.

Avant, (je vous parle du temps lointain où la droite était au pouvoir) les plus ou moins riches se sentaient (ou devaient se sentir) coupables de vivre confortablement alors que les pauvres tiraient le diable par la queue.
Mais grâce au changement, tout ça c'est bien fini. Plus besoin de se croire obligé de proclamer des opinions progressistes pour se faire pardonner sa belle voiture, son boulot en or, son appartement, ses sorties au restaurant, sa maison de campagne, ses vacances au soleil et ses semaines au ski (avec un petit voyage à Venise ou au Maroc de temps en temps).
Les socialistes s'occupent de tout.

Et pour faire bonne mesure, si le 4X4 crache autant de CO2  que sous Sarkozy, on a un bon paquet de Verts à l'Assemblée qui sont là pour n'y trouver rien à redire (ou si peu!).

Un truc qui n'a rien à voir: pour laisser le champ libre aux travaux d'aménagement des Halles, la mairie de Paris va déloger les SDF qui vivent à cet endroit.

Les déloger, pas les reloger.

Maintenant que c'est le changement, on va voir ce qu'on va voir! C'était promis. Attendons donc.

Laissons les groupies de droite et de gauche reprendre leur souffle puisque les résultats sont proclamés et donnons du temps au temps. On peut espérer que les blogueurs de tous bords vont se calmer. J'avoue que les "degôche", les "nauséabonds", les "fachos", les "gauchos" et autres termes utilisés comme insultes commençaient à me fatiguer.

L'Assemblée nationale va être, comme prévu, pleine de députés dont certains vont voter "pour" comme on leur aura dit de le faire et d'autres vont voter "contre" mais ceux-là savent bien que leur vote n'aura aucune importance grâce à notre système de scrutin qui permet d'élire des députés et de se foutre de leur opinion dès qu'ils sont élus. A tel point qu'on se demande s'il ne serait pas plus efficace pour le fonctionnement des institutions de donner tous les sièges au parti majoritaire.

De droite, de gauche ou d'ailleurs, les députés vont profiter largement des avantages financiers et en nature liés à leur fonction en attendant leur tour de poser une question au gouvernement pour passer à la télé sur France 3 le mercredi après-midi pendant que leurs adversaires feront des bruits divers et de grands gestes pour essayer de leur voler la vedette en grapillant quelques secondes de leur quart d'heure de célébrité. S'ils ont de la chance et s'ils se font vraiment remarquer, il passeront peut-être même au zapping ou au Petit Journal de Canal Plus
Bien sûr, il y a les battus. Ne les plaignez pas trop: la plupart se sont réservé une position de repli (le cumul des mandats n'est pas fait pour les chiens). Ségo va retourner présider la patrie du chabichou et de la raffarinade, Marine devra se contenter de son indemnité de députée européenne, les autres regagneront leur mairie, leur conseil général ou régional, leur administration d'origine. Bien peu chercheront du boulot. Autant dire que vous n'avez aucune chance de les rencontrer en train de suivre un stage de remise à niveau à Pôle emploi.

Suspense: la présidence de l'Assemblée. Maintenant que Ségolène s'est vautrée, les socialistes osent (avant ils avaient peur, c'est qu'elle est agressive, la bougresse) se déclarer candidats au perchoir. Il faut dire qu'outre le prestige de la fonction, la possibilité de profiter pendant cinq ans de l'hôtel de Lassay en fait baver plus d'un.
Claude Bartolone et Jean Glavany sont déjà sur les rangs. Elisabeth Guigou se contente d'être modestement disponible. On nous dit que rue de Solférino on préférerait une femme. Un pas de plus vers la parité. En ce qui concerne la diversité, ou les minorités sexuelles, on attendra encore un peu.
A propos de machisme (oui, je sais, c'est ce dont certaines d'entre vous vont m'accuser après avoir lu la phrase précédente), Ségolène a accusé la vieille garde des Solfériniens (je cite de mémoire) d'avoir saboté sa candidature à La Rochelle parce qu'ils ne voulaient pas que les femmes accèdent à de hautes responsabilité. C'est pas gentil pour Martine, ça, qui apprend en passant qu'elle n'exerce pas de haute responsabilité à moins qu'elle ne soit jalouse. Qui sait?

Un dernier mot: l'assemblée générale de Carrefour vient d'accorder un million et demi d'euros en retraite-chapeau et en indemnité de respect d'une clause de non-concurrence à son ex-PDG "débarqué faute de résultats" (source JDD). S'il est si nul que ça, on devrait au contraire l'inciter à aller exercer ses talents chez la concurrence.

Maintenant, c'est le changement, on vous dit!

Et bonjour chez vous!

J'ai allumé la radio et suis tombé en plein milieu d'une conversation entre une animatrice et une auditrice qui vient d'annoncer son prénom.

A quoi l'animatrice rétorque: "Et vous êtes sur quelle commune?"

J'ai éteint.
Ce monde n'est plus le mien.