Le sondage récent (Ipsos) qui met en lumière la mauvaise opinion que les Français ont des politiques et des journalistes, le début de ras-le-bol devant l'immigration, l'inquiétude face à l'Islam, le tout avec des pourcentages dont n'ose même pas rêver n'importe quel candidat aux élections présidentielles, aurait dû alerter le gouvernement et les médias.
Les politiques restent silencieux (difficile de se glorifier de tels résultats) mais les médias compensent. On en parle, on en reparle, on le commente et on commente les commentaires pour en arriver à cette conclusion en forme de diagnostic ou de verdict: les Français souffrent de "crispation identitaire".
Car, nous disent les journalistes (pas tous, il y a des exceptions) il y a de quoi s'inquiéter. Non pas de devoir constater que la greffe du politiquement correct ne prend pas ou que le bourrage de crâne est inefficace. Non pas d'être obligé de faire amende honorable ("Excusez-nous! Nous nous sommes trompés depuis des décennies: on pensait que vous étiez contents de nous") mais de voir que plus de soixante-dix pour cent des Français sont devenus "crispés", "frileux", ont un état d'esprit qui frôle le poujadisme (pour ne pas dire pire).
"Devenus"! Les Français sont "devenus" xénophobes, islamophobes, sceptiques vis-à-vis de la presse, méprisants envers le monde politique. Devenus crispés. Devenus tout court.
C'est de cette évolution préoccupante dont on débattait hier matin sur la radio d'état.
"Qu'est-ce qui a bien pu se passer?" Se demandait-on.
Eh bien! Moi je sais: c'est parce que malgré les promesses électorales des uns et les incantations des autres, la France s'enfonce de plus en plus dans une crise globale, politique, économique, environnementale, démographique, morale et culturelle.
C'est parce que l'on a l'impression qu'en haut lieu on veut soigner le mal par le mal: l'immigration continue sans nous "enrichir", les journalistes sont de plus en plus "la voix de son maître", l'Islam rassure de moins en moins, le chômage ne cesse de croître et les politiques nous somment d'être contents de tout ça sous peine d'être accusés de délit d'opinion.
Ce ne sont pas les Français qui sont devenus crispés, c'est la France de "ces gens-là" qui est devenue crispante.
Si l'Islam refluait, si on réussissait à endiguer l'immigration (clandestine ou non), si les politiques ne se retrouvaient pas si souvent devant des juges et si les journalistes ne s'adressaient pas à leurs lecteurs, auditeurs, téléspectateurs comme à des débiles légers chez qui la vérité risquerait de provoquer une crise préjudiciable à leur bien-être, les Français "deviendraient" de moins en moins "crispés".