Après avoir prêté serment de dire "la vérité, toute la vérité, rien que la vérité", avoir levé la main droite et dit: "Je le jure", Cahuzac a passé le reste de son audition devant ses ex-collègues députés à broder autour du thème "Cause à mon cul, ma tête est malade" ou "je réponds si je veux et je vous emmerde", comme l'a résumé le député écologiste Sergio Coronado.
Demander à un menteur de dire la vérité serait une preuve de naïveté si cette demande n'émanait pas de menteurs professionnels, habitués des promesses électorales qui n'engagent que ceux qui les entendent.
Et Cahuzac n'a rien dit. Ni sur son compte hevético-singapourien, ni sur l'existence possible ou probable d'autres comptes dans d'autres paradis fiscaux. Comme on l'a dit au cours du procès Dreyfus "La question ne sera pas posée".
Les barbichettes ont été fermement tenues tout au long de de cette comédie et personne n'a ri.
Il faut dire que la commission était constituée de gens qui venaient de voter cette extraordinaire loi sur la transparence qui, ajoutant une couche d'opacité sur leur patrimoine, les mettait aussi à l'abri de la curiosité de leurs électeurs et surtout leur épargnait le soin de mentir publiquement, leur mensonge éventuel étant uniquement destiné aux membres de la commission qui devrait vérifier la véracité de leurs déclarations. Et de quoi est-elle composée cette commission? Je vous laisse imaginer.
Pendant ce temps, DSK planchait sur la fraude fiscale et le rôle que jouent les banques en ce domaine. Il en connaît certainement un rayon, le bougre. Personne n'a cependant songé à lui demander s'il croyait vraiment que les partouzes qu'on organisait à grand frais pour lui, lui étaient offertes pour ses beaux yeux et qu'il n'avait pas le moindre soupçon sur les demandes de faveurs que pourraient lui faire ceux qui investissaient (et certainement pas à fonds perdus) sur le probable futur président de la République.
Un qui devrait avoir lui aussi des soucis patrimoniaux et fiscaux, c'est Claude Guéant qui se mettait dans la poche les primes et les remboursements de frais destinés à être utilisés par les policiers de base pour les récompenser de leurs exploits ou pour leur permettre de payer leurs indics. Où a-t-il donc pu bien cacher ces milliers d'euros mensuels nets d'impôts sans éveiller la suspicion de son percepteur? Une question qu'on peut se poser quand on sait que les services fiscaux sont censés comparer les revenus déclarés au train de vie affiché? Ses exploits dans la vente de tableaux à des gogos asiatiques, s'ils sont avérés, ne constituent pas un certificat d'honnêteté malgré sa gueule d'ex-séminariste.
Et si on parlait de Tapie? Non pas tant du montage qui a abouti à l'arbitrage, non pas de la somme qu'il a reçue en dédommagement d'une perte qu'il n'a jamais subie, n'ayant au départ pas sorti un sou de sa poche pour acheter Adidas, ni même du montant colossal du dédommagement qu'on lui a versé pour compenser son "préjudice moral", mais tout simplement de cette question que tout ceux dont c'est le métier d'en poser évitent avec une application qui leur vaudra sans doute la reconnaissance éternelle de leurs supérieurs hiérarchiques: "Qu'a donc pu faire Tapie pour être ainsi protégé depuis si longtemps par les plus hautes autorités de l'Etat depuis Mitterrand et Bérégovoy jusqu'à Sarkozy et Lagarde? Quels services discrets a-t-il rendus, de quels moyens de pression disposait-il?".
Mais que tout le monde se rassure. Dans toute ces affaires, la vérité éclatera un jour (ou pas) mais certainement pas dans un proche avenir si on en juge par les aveux tardifs que Ziad Takieddine a faits au juge d'instruction. On apprend enfin (tout vient à point ...) que Balladur a fait financer une partie de sa campagne de 1995 par des retro-commissions sur des ventes d'armes. Une campagne orchestrée par deux Nicolas: Bazire et ... Sarkozy.
1995, soit il y a dix-huit ans. Ce qui laisse rêveur sur la tranquillité dont peuvent encore espérer jouir toutes les personnes citées dans cet article et a fortiori toutes celles qui n'ont pas encore attiré l'attention des médias et qui briguent de battre en France le record détenu en Italie par Berlusconi.
Enfin une info qui n'a rien à voir: les Femen qui ont été cravatées en Tunisie pour avoir montré leurs seins ont été libérées après quelques jours de prison et surtout après s'être excusées et avoir promis de na pas recommencer. Elles ne pensaient pas, ont-elles dit, que leur action choquerait autant les musulmans.
En France, celles qui ont fait la même chose à l'intérieur de Notre-Dame de Paris et qui ont certainement choqué beaucoup de chrétiens, sont reparties tout de suite après et, bien sûr, sans s'être excusées. Voilà.