Pendant que la France transpire, pendant que des ministres se font filmer en train de recommander à des nonagénaires sélectionnés de boire beaucoup d'eau, craignant sans doute qu'on leur reproche les décès de quelques seniors en bout de course (comme on ne l'a pas trop fait à Raffarin pour les 15 000 morts de la canicule de 2003; la preuve: il ramène sa fraise de temps en temps et personne ne le lui rappelle), pendant que la Grande-Bretonne a mis bas, deux commissions parlementaires se réunissent.
L'une s'est occupée du dopage et, c'est rien de le dire, ça balance sec: tous dopés pendant le Tour de France 1998! Et on a les noms.
C'est que c'est sérieux, une commission parlementaire. On y témoigne sous serment, c'est dire! Rien n'arrête la vérité, dussent en souffrir les réputations et se décolorer les maillots.
L'autre commission, elle, enquête sur la fraude fiscale et en particulier sur l'affaire Cahuzac. Et là, c'est une autre histoire. On y témoigne aussi sous serment (pour ce que vaut la parole d'un politicien).
Mais Cahuzac refuse de répondre, Cahuzac ne se souvient pas. Cahuzac mentirait-il sous serment? On n'ose le croire (arrêtez de ricaner, c'est sérieux).
Cette réunion du 16 janvier dernier avec Pépère, Ayrault, Mosco au cours de laquelle l'encore ministre du budget aurait été averti qu'une demande d'information (et on dit qu'elle a été rédigée pour que la réponse soit négative et puisse exonérer Cahu des accusations dont il était l'objet et que de plus la réponse ne serait jamais parvenue) serait transmise à la banque dans laquelle il aurait planqué six cent mille euros, il ne s'en "souvient" pas.
Et c'est là que ça devient rigolo: il y a dans cette commission des députés socialistes qui veulent bien enfoncer Cahuzac. De toutes façons, il a avoué, il est foutu. Foutu pour l'instant car, comme disait l'autre, les Français ont la mémoire courte. Et il reste encore un an avant les prochaines municipales.
Mais ce qu'ils ne veulent pas, les députés socialistes qui remuent la boue, c'est que les éclaboussures arrivent jusqu'à Pépère et Ayrault, évidemment au courant de l'affaire dès avant le 16 janvier. Ce que Mosco a avoué implicitement.
Alors eux aussi oublient. Ils oublient de demander à Cahuzac s'ils ne se paierait pas un peu leur tête. Ils oublient de ne pas protester lorsque le président de la commission manifeste sa mauvaise humeur.
C'est que ça sent le roussi en hauit lieu. Et ce n'est pas grâce à Mosco qu'on peut étouffer l'affaire.
Il a mal été briefé, Mosco? Ou il a eu peur qu'un mensonge ne lui revienne en pleine figure?
Il n'y a plus que Cahuzac sur lequel le PS puisse compter pour "sauver l'honneur" en oubliant farouchement. Grâce en soit rendue à son amnésie!
N'empêche, on l'a échappée belle! Heureusement qu'il a été démissionné! Un ministre du budget amnésique, c'est un coup à oublier d'inventer de nouveaux impôts pour relever la France.