Boulette: (néologisme forgé pour la circonstance dans le cadre de parité) féminin de boulet: personne idiote, irritante, désespérante, ou ayant un sens de l'humour très lourd, qui constitue un fardeau (Wikipédia). (par analogie avec le boulet: boule de métal fixée à une chaîne que l'on attachait au pied des forçats).
Valls a des ambitions nous prie-t-on de croire et de ne pas oublier. Il laisse dire qu''il se verrait bien remplacer Ayrault dans les plus brefs délais et Hollande dans moins de quatre ans (putain! quatre ans!).
Un tel plan de carrière suppose une politique de communication définie avec précision pour frappper l'opinion et l'adversaire (de son propre camp, bien entendu) au bon endroit et au bon moment.
On nous assure aussi que Manuel est le ministre préféré des Français de gauche qui, attachés aux droits de l'Homme, pensent toutefois qu'une certaine fermeté vis-à-vis des Roms qui s'établissent sous leurs fenêtres n'est pas malvenue et jugent qu'un regard noir sous des sourcils convenablement froncés est un gage de fermeté contre les espiègleries d'une diversité enrichissante.
Or, le pauvre Manuel est englué dans un gouvernement de Branquignols cornaqués par un ectoplasme et supervisé par qui vous savez (pauvre petit bonhomme!). Gouvernement dans lequel sévit Christiane Taubira. Je n'en dirai pas plus. Tu m'as compris, tu m'as.
La solidarité gouvernementale est une belle chose, certes, mais elle ne doit pas s'étendre jusqu'à une ministre jugée par certains trop laxiste au point de ne pas envoyer en prison ceux qui devraient y être déjà depuis lulure. Etre solidaire avec cette "boulette" est un handicap à traîner dans l'ascension au plus haut niveau de l'Etat.
Il fallait donc que Valls envoie un signal fort, comme disent les journalistes (les signaux faibles, ça l'fait pas).
Et voilà-t-y pas que le prétexte lui est servi sur un plateau par sa collègue de la Justice et son projet de réforme pénale.
C'est un sacré morceau de chance, ça. Une occasion à ne pas manquer en plein été alors que les journalistes sont à la recherche de sujets de papier.
Valls a donc dégainé et fait mouche. Un seul coup, deux cibles. Très fort, le mec!
Une lettre est donc écrite pour manifester son opposition à la mère Taubira. Et pan!
Cette lettre est adressée non pas à son supérieur hiérarchique mais à François Hollande. Et re-pan! Dans l'Ayrault, cette fois.
Et, afin que nul n'en ignore, cette lettre de Manuel à François se retrouve dans les colonnes du Monde. Détournement de correspondance? Baisse de conscience professionnelle des PTT? Facteur stagiaire qui s'est trompé d'adresse?
Pauvre Jean-Marc! Il n'a pas vu venir le coup. Il faut dire qu'il était encore dans une phase de récupération après son fol après-midi de moniteur de colo tambourineur pour les enfants qui ne partent pas en vacances. Je signale à ce propos que, ne partant pas en vacances moi-même, j'attends l'année prochaine en espérant être invité avec les vieux cons qui ne partent pas en vacances.
Pauvre Jean-Marc, disais-je. Il a fallu qu'il se fende d'un communiqué pour faire semblant de croire qu'il avait été mis dans le coup par son pote Manuel et pour dire: "Qu'il y ait débat, c'est normal". Et pourtant, personne ne lui avait rien demandé.
Bilan de l'opération:
- largage de la boulette par sectionnement de la chaîne de solidarité gouvernementale;
- effacement d'Ayrault qui n'a rien vu passer (joli dribble!);
- embarras de Pépère qui se croyait en vacances mais qui ne peut que se réjouir (et donc ne pas en vouloir trop à Valls) de voir une ministre "qui ne supporte pas d'avoir un patron" prendre un coup de serpilière humide en pleine figure.
Bavo Manuel!