On nous dit que 57% des Français seraient "plutôt favorables" à l'envoi de l'armée à Marseille (25% "plutôt opposés"). C'est dire si on ne sait plus à quel saint se vouer et qu'on est prêt à tout essayer! C'est dire aussi combien les Français commencent à se dire que le duo Valls-Taubira semble inefficace pour ne pas dire contre-productif.
Parce que, franchement, que ferait l'armée? Elle vigipiraterait comme le font actuellement dans les gares et aéroports nos braves piou-pious en treillis camouflé avec leur fusil d'assaut sans cartouche?
Et si des "jeunes" leur envoient des pierres ou des mortiers de feux d'artifice comme il semble que ce soit la mode dans les cités sensibles, avec quoi riposteraient-ils?
On pourrait mettre des cartouches dans leurs chargeurs, me direz-vous.
Et après?
Les policiers ont eux aussi des cartouches dans le pistolet qu'ils ont à la ceinture. Mais ils n'ont le droit de s'en servir qu'à la toute dernière extrémité. Et même dans ce cas, ils s'exposent à un lynchage médiatique, à de gros embêtement de la part de leur hiérarchie quand ce n'est pas à un rôle de premier plan dans un procès pour homicide plus ou moins volontaire avec dans ces banlieues qui deviennent de plus en plus difficiles les troubles et les émeutes qui accompagnent les "bavures".
L'armée se lancerait-elle dans un "nettoyage" des banlieues pour en éradiquer le trafic de drogue et la délinquance qui en résulte? Soyons sérieux! Vous imaginez des auto-mitrailleuses aux carrefours et des hélicoptères de combat au dessus des immeubles pendant que des soldats feraient sortir tous les habitants mains sur la tête et face au mur?
Et que ferait-on des gens qu'on aurait raflés? Renvoyés comme il y a un demi-siècle "dans leur douar d'origine"?
Autant dire que nous serions en guerre et que cette guerre se déroulerait sur le territoire français.
Ce serait un excellent prétexte pour tous les djihadistes qui se préparent en France et s'entraînent en Syrie ou en Afghanistan. Et ce serait l'occasion pour les anciens "porteurs de valise" de reprendre du service et pour leurs héritiers de prendre leur suite.
Délit de faciès oblige, tous ceux qui n'auraient pas l'air de Français de souche seraient suspects et, tant qu'à choisir un camp, choisiraient celui de ceux qui ne les soupçonneraient pas. En dehors, bien sûr, des affinités culturelles, religieuses et d'origine qu'ils auraient avec eux.
Autant dire aussi que cette guerre nous ne la gagnerions pas.
Je ne me rallie donc pas à l'opinion de la majorité. Un sentiment d'exaspération plus qu'une opinion raisonnée.
Autre argument, et de poids celui-là, contre cet emploi de l'armée: Ségolène Royal a dit "Pourquoi pas?"
(source: LeMonde.fr)