Ceux qui écoutent la radio, regardent la télé et lisent la presse ont pu le constater: il nous est fortement conseillé de compatir, de condamner, d'être solidaire, de s'indigner, de "minute-de-silencer" et de crier vengeance après l'assassinat des deux journalistes de RFI enlevés à Kidal et assassinés par leurs ravisseurs.
Leurs confrères parisiens, ceux qu'on voit et entend le plus souvent, ceux qui écrivent, parlent et se montrent et qui ne risquent pas grand chose semblent autant pleurer leurs confrères que s'attribuer le mérite de leur courage et trouver matière à chroniquer.
Quant à notre président et à ses ministres, ils tirent à eux la couverture. Pépère, abonné des aéroports, va accueillir les cercueils comme, il y a peu, il a accueilli les otages. Et Fabius multiplie les déclarations, histoire de passer à la télé.
Mais il n'est pas interdit de prendre un peu de recul face à cet indécent battage médiatique et politicien.
On peut se dire que si on envoie des reporters de guerre quelque part, c'est que, malgré le cocoricos d'il y a quelques mois, la guerre n'est pas finie. Elle en est très loin. Certes, les soldats français ont gagné une bataille mais ils sont loin d'avoir gagné la guerre.
Ils se sont arrêtés trop tôt. Manque d'effectifs et de moyens? Sans doute. Mais aussi manque de détermination de notre chef de guerre partisan d'une modération peu efficace lorsque l'on a décidé de faire parler la poudre.
A cela s'est ajoutée la rançon de vingt millions d'euros et l'impunité promise aux ravisseurs des otages récemment libérés.
Il y a de quoi susciter des vocations de terroristes et de preneurs d'otages; le tout au nom du djihad. Dans ces affaires où la guerre sainte sert de prétexte au grand banditisme et où le second finance la première, la modération s'apparente à une prudence excessive et les proclamations d'attachement à la démocratie à de l'aveuglement.
"Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens", aurait dit le légat du pape lors le sac de Béziers pendant la croisade contre les Albigeois. Sans aller jusque là, Pépère aurait pu faire preuve d'un peu plus de détermination.
On nous annonce qu'on va rechercher les coupables, on nous dit même qu'on aurait arrêté des suspects. Et on apprend que le Parquet de Paris a ouvert une enquête (défense de rire!). Bien sûr de notre point de vue, l'assassinat des deux journalistes de RFI est un crime. C'est oublier qu'en face nous n'avons pas des criminels mais des ennemis. Et que, même si les coupables sont appréhendés, le problème ne sera pas résolu.
L'islamisme radical a déclaré la guerre à l'Occident et pourtant ce n'est pas cet islamisme que combat l'Occident mais le "terrorisme". Ne pas nommer son ennemi n'est pas le meilleur moyen pour l'emporter dans la bataille.
Les soutiens affichés de ce terrorisme jouissent d'une impunité incompréhensible et même sont traités en amis. Ceux qui prêchent et pratiquent la charia, ceux qui envoient leurs imams dans nos banlieues, ceux qui financent les djihadistes, sont les mêmes que ceux qui placent chez nous l'argent de leur pétrole, achètent des châteaux, prennent des participations dans nos entreprises, sont propriétaires de clubs de foot et sont même reçus à l'Elysée.
Pendant que nos journalistes sont assassinés au Mali, pris en otages en Syrie et ailleurs.
Drôle de monde!