Il y a des gens qui disent (et ils ont peut-être raison) que les païens (du latin paganus: paysan), autant dire péquenot, cul-terreux, agriculteur raisonné adhérent à la FNSEA, que les païens, disais-je, fêtaient autrefois le solstice d'hiver. Avec l'esprit tordu des gens qui pensaient que ce jour-là, les nuits étant les plus longues, à partir de ce moment, ça ne pouvait pas être pire. Idée saugrenue, vous en conviendrez.
Et malgré la bonne volonté des missionnaires évangélisateurs, les ploucs en question ont continué pendant plusieurs siècles à faire une sacré méga-fête aux alentours du 21 décembre. Résultat: un mal aux cheveux carabiné et un barbouillage gastrique qui les rendaient nettement moins enthousiastes à la messe du dimanche suivant et -comme ils avaient tout dépensé- réceptifs aux suggestions de leur curé de faire des offrandes conséquentes ("il faut bien vivre et le Bon Dieu vous le rendra").
Les autorités ecclésiastiques ont voulu réagir en frappant un grand coup. Elles ont donc décidé de fêter la naissance du petit Jésus en faisant une grande fiesta tout près du solstice mais pas le jour même pour qu'il n'y ait pas d'accusation de plagiat. Les plaintes à l'OMC (Organisation Mondiale des Cultes) pour concurrence déloyale ont été balayées d'un revers d'étole et Noël est tombé le 25 décembre sur la tête du petit peuple qui n'avait rien demandé.
Et voilà pourquoi on est obligés de se peler le jonc en disant comme on nous l'a demandé qu'il "fait chaud au coin du feu". Voilà pourquoi de nombreux animaux de basse-cour ne passeront pas l'hiver. Voilà pourquoi la moitié des Français prend sa voiture sur des routes verglacées pour aller chez l'autre moitié en espérant ne pas passer à la télé dans la rubrique "les naufragés de la route". Voilà pourquoi enfin on est obligé de passer d'un trottoir glacial et venteux à un magasin surchauffé et vice-versa au risque d'attraper une maladie même pas sexuellement transmissible (la gêne sans le plaisir) pour acheter maintenant au prix fort des trucs qui seront à moitié prix dans dix jours.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit: tout n'est pas négatif: la fête et les cadeaux, la bouffe et le sourire des enfants (juste avant qu'ils ouvrent les paquets).
Mais pourquoi en décembre?
Pourquoi pas en juin, au solstice d'été ou pas loin (allez je ne suis pas chien: on garde le 25) quand les jours sont les plus longs, triomphe de la lumière sur les ténèbres et patati et patata (je vous la fais courte, les curés meubleront), jour qui coïncidera avec le début des grandes vacances (et là, les mômes seront vraiment contents)?
Tout ça pour dire que quand je serai président, je serai aussi chanoine de Saint-Jean de Latran et je demanderai au pape qui ne pourra rien me refuser de fixer Noël au 25 juin.
Votez Pangloss!
Et Joyeux Noël quand même!