Certains mauvais Français (des jaloux, certainement!) veulent intégrer les oeuvres d'art dans l'assiette de l'impôt sur la fortune. Heureusement d'autres mauvais Français (Quoi? Eux aussi? Oui, il n'y a pas de raison!) protestent énergiquement: "Ce serait", disent-ils, "porter un coup fatal au marché de l'art de notre beau pays et inciter ceux qui ont enfermé quelques tableaux dans les coffres des banques françaises à les en sortir discrètement pour les enfermer dans les coffres de banques étrangères".
On ne dira jamais assez combien les riches sont indispensables à la prospérité de tous et donc au bonheur de chacun. Vous ne croyez quand même pas que ce sont les pauvres qui font marcher le commerce?
Non, ce sont les riches!
Les pauvres, ils n'achètent que des trucs pas chers avec l'argent des allocs.
Alors, laissons les riches profiter de ce pognon et nous en faire profiter aussi (surtout si nous tenons boutique avenue Montaigne).
Mais l'heure est grave comme on nous le répète depuis des années.
Il faut donc aller encore plus loin: exclure de l'ISF les chevaux de course pour encourager l'élevage équin et la fabrication de chapeaux destinés à être portés à Chantilly, exclure les yachts pour ne pas désespérer la construction navale et les marchands de mocassins de bateau, exclure itou les berlines de luxe pour ne pas se fâcher avec les Allemands, les voitures de sport pour permettre aux Italiens de garder le sourire et les jets privés pour que Dassault ne fasse pas faillite. Je m'arrête là mais vous voyez le topo.
Exclure donc, mais discrètement, les présidentielles sont pour bientôt. Et les jaloux sont aussi des électeurs.
Bien sûr, on pourrait supprimer purement et simplement cet impôt sur la fortune qui ne sert qu'à calmer les aigreurs d'estomac des envieux et le bouclier fiscal dont l'objectif est de montrer qu'on protège les riches.
Mais ce serait trop simple. Et, électoralement parlant, "contre-productif".
Et puis, les vrais riches, le bouclier et l'ISF, ils n'en ont rien à foutre.