Le Huron, Pangloss et compagnie

La lecture des journaux est instructive. Surtout celle des vieux journaux. C'est avec eux que j'allume mon poële et avant de les froisser, je ne peux m'empêcher de parcourir les pages qui  vont  être bientôt être réduites en cendres. Comme si, je laissais à un condamné la possibilité de prononcer ses dernières paroles.

Aujourd'hui, c'est un chiffre en gros caractères qui a attiré mon regard:

"4,1 milliards d'euros. C'est la somme détournée par la corruption au cours de la dernière décennie".

L'article m'apprend qu'en Espagne, la bulle immobilière a attiré les faisans et les gangsters et que beaucoup d'élus ont succombé à la tentation  de l'argent facile quand il ne la recherchaient pas.

"Plus de sept cents élus sont mis en examen, une vingtaine de maires sont sous les verrous", me disait Le Figaro du 10 décembre 2009.

L'article se concluait par cette citation d'un quotidien espagnol: "Ou l'on circonscrit fermement la corruption ou le capital démocratique accumulé depuis la mort de Franco finira aux égouts".

On comprend mieux "los indignados" de la Puerta del Sol.

Heureusement, ce n'est pas en France qu'on trouverait des élus à mallettes!

Ce que veut Sarko poussé par tous ceuxqui voient arriver les échéances (portées par des huissiers chinois?) et se demandent qui va leur prêter de quoi rembourser

et que refuse Angela dont le pays a déjà donné dans la planche à billets, c'est que la BCE fasse le "prêteur en dernier ressort". C'est à dire que les Etats puisse lui emprunter directement sans passer par les vilains "marchés".

Aux dettes des particuliers, à celles des entreprises, à celles des collectivités, à celle des organismes de retraite et de protection sociale s'ajoutent déjà celles des états européens.

Si la BCE prête aux états, on ajoutera un niveau supplémentaire d'endettement au dessus des états: celui de la Banque Européenne.

Mais la BCE, dit-on, ne pourra pas faire défaut car elle pourra imprimer autant de billets qu'elle le voudra pour acheter le "papier" sur lequel les états imprimeront leurs titres d'emprunt.

Certes, les dettes doivent-être remboursées mais le seront-elles? Les Etats ne seront-ils pas tentés d'emprunter plus pour calmer leurs peuples avant les élections et la BCE d'imprimer plus d'euros pour les satisfaire?

Et puis, plus de monnaie sans création des richesses correspondantes, cela ressemble beaucoup à de l'inflation.

Pas de panique! Tout est prévu. On va "harmoniser", "surveiller", "contrôler" et être enfin sérieux. On envisage même de modifier les traités européens, c'est dire!

Sans vous demander votre avis, bien sûr. De toutes façons, quand on vous le demande, vous dites non. Alors, c'est pas la peine de s'embêter.

"Mais", me direz-vous, "des traités, on en avait déjà un avec pacte de stabilité intégré, pourcentage de déficit bridé en usine à 3% et PIB calculé selon les toutes dernières découvertes de la science économique (technique dite du doigt mouillé dans le pifomètre)".

Sauf qu'à partir de maintenant, si la BCE veut bien nous permettre de creuser un peu le déficit, la stabilité, on va la respecter. Juré, promis. Et arrêtez de rigoler!

"Mais la parité euro-dollar?"

Pas de problème! Les Amerloques sont tellement dans la purée et ils font tellement tourner la planche à billets que leur dollar baisse. Notre euro baisse lui aussi et donc ils restent tous deux au même niveau.

On pourra donc continuer à acheter des dollars pour payer notre pétrole. Il faudra juste en acheter plus mais comme on les paiera en euros ...

"Mais si les Chinois profitent de l'occasion pour réévaluer un peu leur yuan? Juste le temps de racheter quelques morceaux d'Europe?"

Arrêtez d'être négatifs! Puisqu'on vous dit qu'on a pensé à tout!

Les Chinois? On leur vendra le stade de France et le département qui va avec.

Bon débarras!

Caroline Sinz, une journaliste française de France 3 a été victime d’une agression sexuelle sur la place Tahir au Caire.

"J'ai été tabassée par une meute de jeunes et d'adultes qui ont arraché mes vêtements" avant de procéder à des attouchements répondant "à la définition du viol", a-t-elle déclaré. "Cela a duré environ trois quarts d'heure, jusqu'à ce qu'on puisse m'extraire. J'ai cru que j'allais mourir". (source: Le NouvelObs.com et LeMonde.fr)

C’est au moins la troisième fois qu’une femme reporter est agressée sexuellement depuis le début de la révolution égyptienne, affirme "Reporters sans frontières".

Au moins.

Les médias français ne devraient pas croire ce qu'eux-mêmes racontent.

Ils éviteraient ainsi d'envoyer des femmes observer de près l'entrée des pays arabes dans la modernité.

Vous avez tous assisté à la reprise en main musclée d'Eva Joly par la direction des Verts sur l'insistance du PS qui s'est permis en plus (!) de jouer le rôle de l'offensé. Reportez-vous aux déclarations d'Ayrault ou de Moscovici pour ne citer qu'eux.

Reprise en main un peu trop musclée d'ailleurs car non seulement Eva Joly a dû avaler la couleuvre mais ce sont ses propres "amis" (amis politiques, bien sûr, ce qui relativise quand même le mot "amis") qui se sont disputé l'honneur discutable de la lui entonner de force en regardant par dessus leur épaule pour vérifier que les solfériniens étaient bien témoins de leur participation à ce lynchage.

Mamère, Cochet, Duflot, Jadot et d'autres sans doute s'en sont donné à coeur joie dans ce répugnant passage à tabac. Preuve que pour avoir des sièges de députés, certains sont prêts à toutes les bassesses.

Ce sont pourtant les Verts de base (et pas les vers de vase, arrêtez de rigoler, petits canaillous, c'est sérieux) qui ont choisi Eva. Dans leur majorité, comme elle, ils ne sont pas enthousiastes après l'accord signé à l'arraché (comme dans "vol à l'arraché") avec le PS. Et c'est la direction du parti qui lui tire le tapis de sous les pieds.

À EELV, ce n'est pas la base qui décide, ni même la Direction mais l'équipe de campagne de François Hollande.

La preuve: la dernière déclaration de Daniel Cohn-Bendit qui vend la mèche sans rougir: "Plus nous (les Verts) serons forts, plus nous risquons d'affaiblir le PS".

On ne saurait mieux dire ni affirmer plus clairement sa soumission.

J'aurais pu lui suggérer d'autres phrases aussi percutantes (et certainement plus proches de la réalité).

Celle-ci par exemple: "Plus l'UMP sera fort et plus le PS sera faible".

Ou celle-ci: "Plus Mélenchon sera fort et plus le PS sera faible".

Mais les écolos se croient de gauche et pensent que les sofériniens les aiment d'amour. Ils se souviendront longtemps du "L'environnement, ça commence à bien faire" de Sarko mais sont prêts à oublier très vite qu'ils se sont faits traiter de "Khmers verts" par Collomb.

PS: Je précise pour ceux qui ne me lisent qu'épisodiquement que je suis très réticent vis-à-vis du nucléaire, que j'appréhende le réchauffement climatique, que je souhaite qu'on remette au pas les lobbies, que je suis contre la chasse à la baleine etc etc., mais que je suis loin d'être un admirateur inconditionnel d'Eva Joly.

A propos de la dette américaine, Obama vient de déclarer qu'il n'y a pas de risque imminent de défaut.