Les prêteurs, ceux qui proposent leur argent sur le marché en attendant le client, aiment bien savoir -c'est humain- s'ils ne vont pas se faire arnaquer et s'ils ont des chances de récupérer un jour leur bel argent avec les intérêts qui les dédommageront du temps pendant lequel, il ne pourront pas le dépenser pour mener la belle vie.
Ils craignent que les emprunteurs, s'ils endettent trop et dépensent leurs sous en "mauvais père de famille", ne leur fasse le coup de l'inflation galopante, de la restructuration, ou -pire- du défaut en ne leur laissant que leurs yeux pour pleurer.
Faut les comprendre! C'est leur pognon.
D'où les agences de notation qui épluchent les comptes et estiment la capacité de remboursement des états et même leur intention de rembourser un jour (il y a des malhonnêtes!).
Il semble que ce soit un beau métier, agence de notation. Alors, je me dis: "Pourquoi pas moi?"
Alors, je commence. Par la zone euro, tiens.
Voilà un truc mal emmanché dès le départ: on a fait une monnaie commune entre des pays qui avaient tellement de différences économiques, sociales et politiques qu'il apparaissait évident que ce serait difficile à piloter. En plus, les petits génies qui ont monté l'affaire l'ont fondée sur la dette. Leur "pacte de stabilité" avait même prévu un déficit "maximum" calculé non pas sur la différence entre les recettes et les dépenses mais sur le PIB.
Une stabilité structurellement déficitaire, c'est pas beau, ça Madame?
Qui dit déficit, dit emprunt: bonne affaire pour les marchés! Une rente garantie! Mais beaucoup de ces rigolos n'ont pas repecté leurs "pacte" (et je ne parle pas de ceux qui ont trafiqué leurs comptes) et à partir de ce moment, l'affaire est moins bonne: il faut que les marchés prêtent pour espérer être remboursés. Le surendettement inquiète le prêteur quand l'emprunteur ne s'en soucie pas.
Et l'emprunteur, au lieu de travailler pour payer ses dettes, préfère être réélu. Il distribue donc à ses électeurs et à ceux qui peuvent lui créer des ennuis, l'argent qu'on lui a prêté. Les "avantages acquis" deviennent vite des "avantages empruntés" et ceux qui le ont obtenus refusent bien évidemment de rembourser. "Que l'Etat se débrouille!" est leur maître-mot "Et qu'il fasse payer les riches!", ajoutent-ils.
Alors, les dettes s'accumulent et les intérêts grimpent au fur et à mesure que baissent les espoirs de remboursement.
Il y a des pays riches et vertueux, des pays riches qui ne le sont pas, et des pays qui ne sont ni riches ni vertueux. Et puis, il y a de tout petits pays qui comptent pour du beurre, qu'ils soient riches ou pauvres, vertueux ou non.
Et c'est à partir de là que ça se complique. Suivez-moi bien.
Il faut sauver la Grèce pour sauver l'euro. Les pays déjà endettés se cotisent (avec de l'argent qu'ils ont emprunté et qu'ils emprunteront) en hypothéquant leur triple A et en exigeant un plan de rigueur. Dans la foulée, on vire le gouvernement.
Puis, il faut sauver l'Italie. Un plus gros morceau. Là aussi, plan de rigueur et renvoi du président du Conseil. Puis l'Espagne. Re-belote.
Mais à force de sauver, on s'enfonce. La France a du mal a surnager. Elle se tourne vers l'Allemagne mais l'Allemagne s'enfonce elle aussi. Elle ne veut pas et surtout elle ne peut pas payer pour tout le monde. D'autant plus que sa dette est la plus élevée de la zone euro: plus de deux mille milliards.Une paille!
La France prêche pour la "solidarité" ("Angela, steplé!"): A très court terme (jusqu'aux élections? pas sûr!), ça peut marcher. Après? "On verra bien", disent les prévisionnistes qui ne peuvent plus rien prévoir.
En attendant, on meuble l'actualité. On envisage un nouveau traité que, c'est promis, on respectera.
Mais (on peut rêver) cela pourrait quand même s'arranger. Avec de vrais plans de rigueur et même de "sacrifices" comme l'a dit en riant (le saligaud!) Mario Monti pour interpréter les sanglots de sa ministre des Affaires sociales qui annonçait de mauvaises nouvelles aux retraités.
C'est sans compter sur les syndicats (et plus si affinités) qui organisent en France une manifestation contre l'austérité dans une semaine. Ce n'est qu'un exemple car la Belgique n'est pas en reste, ni l'Italie, ni la Grèce, ni l'Espagne, ni le Portugal, ni l'Angleterre qui n'est pas dans la zone euro mais qui n'échappe pas à la crise.
C'est le "et plus si affinités" qui peut inquiéter. Une manifestation peut accueillir des "éléments incontrôlés" quand les "justes revendications" n'éveillent pas d'écho à l'Elysée qui refuse de "prendre ses responsabilités" et "d'ouvrir des négociations". Et les vrais pauvres, ceux qui font les poubelles, ceux qui ont franchi le seuil de pauvreté depuis longtemps sans espoir de le repasser dans l'autre sens? On verra plus tard. Il faut qu'ils prennent patience. Mais accepteront-ils?
Car si des troubles sociaux et politiques s'ajoutent aux difficultés économiques (là je suis mesuré), la zone euro sera vraiment dans la merde et le monde ne s'en portera pas mieux.
"Alors, cette note?", me demandez-vous.
Et je vous réponds: "Z".