Ils ne me font plus rire. Il semble même qu'ils ont un peu perdu la foi et qu'ils fonctionnent au ralenti, en auto-allumage. Ils essaient juste de se faire oublier jusqu'aux européennes car ils craignent que la gifle qu'ils ont reçue en mars soit suivie d'un coup de pied au cul en mai. "Après, on verra", se disent-ils, "nous serons tranquilles jusqu'aux présidentielles".
Alors, moi, l'actualité commence à m'indifférer. Sauf peut-être les faits-divers révélateurs de la dégringolade de ce pays qui, comme nous le rappelle Nouratin, est foutu.
Celui-ci par exemple: un légionnaire et son amie ont été agressés à la gare du Nord par un vendeur de drogue insistant qui a fini par les menacer d'un couteau puis de blesser le militaire à la main. Couteau que le brave soldat (excellent entraînement!) a retourné contre son agresseur lequel est mort de ses blessures à l'hôpital. "Que pensez-vous qu'il arriva?", demandait Voltaire. C'est simple pour ceux qui connaissent l'état de ce pays: le militaire a été interpellé, mis en examen et gardé à vue. La police judiciaire devra dire s'il était en légitime défense, nous dit le JDD.
On vit une époque de plus en plus formidable.
Une époque dans laquelle les vendeurs de drogue peuvent se livrer tranquillement à leur petit commerce dans une des gares de Paris, agresser les gens qui refusent leur marchandise, les blesser à l'arme blanche et, quand la victime se rebiffe et l'emporte sur son agresseur, c'est la victime qu'on met au trou et en examen.
Et -tenez-vous bien- sous la "surveillance attentive" (vous pouvez rigoler) de nos braves piou-piou qui arpentent gares et aéroports dans le cadre de ce fameux "plan vigipirate renforcé".