Puisque le seul fait de ne serait-ce que songer à me baisser provoque une douleur que je ne souhaite qu'à mes éventuels ennemis (pires ou non), j'en suis réduit, depuis que j'ai épuisé mon stock de romans dits policiers, à ne choisir dans la bibliothèque de ma chambre avant d'aller me recoucher à petits pas, que les livres qui sont à hauteur d'oeil.
Donc ce sera Dominique de Fromentin, un roman que j'ai lu il y a très longtemps. Et dont j'ai tout oublié, vérification faite après les vingt premières pages qui ne me rappellent rien du tout.
Un pneumo-thorax donne toutes les raisons de ne pas se sentir en grande forme. C'est pourquoi on me pardonnera si j'avoue que j'ai failli ne pas aller plus loin que ces premiers mots que j'ai ressentis comme une provocation: "Certainement, je n'ai pas à me plaindre".
On comprendra que j'ai failli abandonner Dominique pour La montagne magique dans lequel il est quelquefois question de pneumo-thorax, histoire de me retrouver en pays de connaissance.
Mais je me suis dit que cette première phrase n'était qu'un leurre destiné à tromper le lecteur naïf mais qu'elle ne pouvait abuser celui qui sait bien qu'aucun écrivain ne se risquerait à écrire un roman à paraître en feuilleton dans lequel il n'y aurait ni amours malheureuses, ni aventures extraordinaires, ni innocence persécutée, ni cadavre dans la bibliothèque, ni tueur en série, ni génie criminel, ni savant fou.
Donc, ce sera Dominique. Je vend la mèche: je crois qu'on y parle d'amour.