Malgré les larmes des médias, malgré le voyage de Barroso à Lampedusa (il l'a jouée petits bras: même pas pieds nus, en chemise et la corde au cou!), malgré la séance du parlement européen, le discours de Michel Barnier, malgré la déclaration du pape (parole, parole) et toute cette dégoulinade de compassion scandalisée après le naufrage du bateau qui amenait des immigrants sur les côtes européennes, malgré ce qu'on nous intime d'éprouver, malgré les invitations de tous et de chacun à battre notre coulpe devant les centaines de cercueils qu'on nous exhibe de façon indécente, malgré tout ça, je plaide non coupable.
Ce n'est pas moi (vous, je ne sais pas) qui ai embarqué ces malheureux à deux mille dollars le voyage sur ce rafiot, ce n'est pas moi qui y ai mis le feu, ce n'est pas moi qui ai jeté à la mer ceux qui s'y trouvaient.
Ce n'est pas moi.
Comme je ne suis pour rien dans les guerres, les massacres et les trafics, pour rien dans l'anarchie qui règne dans les pays d'où s'échappent ces réfugiés, pour rien dans leur culte des dictateurs, pour rien dans leurs guerres tribales, pour rien dans leur religion imbécile, toutes choses dont on nous dit qu'elles sont les causes de l'exode auquel se résignent ces malheureux.
Alors, je le répète: "Je plaide non coupable".