Cet ABCD de l'égalité fut une expérience tout à fait concluante nous a assuré Najat Valaud-Belkacem. C'est sans doute pourquoi le gouvernement a décidé de l'interrompre. Au grand regret de la radio d'Etat qui nous a fait savoir ce matin que ce recul du pouvoir n'est dû qu'à la propagande tendancieuse et aux arguments mensongers de l'extrême-droite. Et voilà comment on envoie dans les bras de Marine le Pen tous ceux que ces ABCD agaçaient ou faisaient ricaner, tous ceux qui pensaient qu'avec le déficit à plus de 4%, la dette qui augmente, le chômage dont la courbe n'obéit pas aux promesses, le Mali dont on ne parle pas plus que de la Centrafrique et du bordel qui devient de plus ambiant, l'urgence était de promouvoir l'égalité des filles et des garçons dans les écoles primaires.
Comme s'il avait fallu mettre un coup d'arrêt à des procédés d'un autre âge, comme si, jusqu'à présent, les professeur(e)s des écol(e)s n'avait qu'un seul souci en têt(e): marquer et promouvoir les différenc(e)s entre les élèv(e)s. Comme s'ils (elles) enseignaient le sexisme, la mysogynie imbécile et le féminisme agressif.
La ministre nous assure que cet ABCD ne fera que perdre son nom et entrera en vigueur dans toutes les écoles du pays. Et la preuve que les instit(e)s n'étaient tou(te)s que des rétrogrades qui reproduisaient les schémas sexistes périmés, c'est qu'on va les former à l'égalité! Vous avez bien lu: on va les former.
Najat ministre française veut faire avancer l'égalité en France. Je ne suis pas certain que Najat citoyenne marocaine puisse ne serait-ce que militer pour la même égalité dans son autre patrie.
Mais on commence à être habitué à ces urgences gouvernementales et aux réformes qu'elles engendrent. Des réformes qui ont le mérite:
a) de toucher aux fondements de la société et donc de paraître importantes sinon révolutionnaires
b) de créer des débats et des disputes qui occupent l'opinion et les médias bien plus -c'est un exemple- que le chômage
c) de ne pas coûter cher.
Pendant ce temps, la France attend l'explosion de joie ou de fureur qui suivra le match Allemagne-Algérie. Les communiqués officiels sont déjà prêts ("fermes condamnations", "inadmissible", "insupportable", "les responsables seront poursuivis", patin-couffin) ...
... et les médias s'extasient: notre président a de nouvelles lunett(e)s.